Comment l'affaire a-t-elle éclaté ? Qui est l'animateur mis en cause ? Où en est l'enquête ?
Comment l'affaire a-t-elle éclaté ?
Dimanche 5 mars 2017, une femme s'est présentée au commissariat de Boulogne-sur-mer pour dénoncer des faits commis le samedi (la veille) au centre de loisirs Jacques-Brel d'Outreau. "Son petit garçon a expliqué qu'un animateur lui avait touché le sexe alors qu'il était seul en sa compagnie. Les autres enfants étaient occupés dans une cour attenante", a affirmé en conférence de presse Pascal Marconville, procureur de Boulogne-sur-mer. Rapidement, Rudy G. a été identifié.
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Lors de sa 4ème audition, il avouait deux autres victimes en janvier et juin 2016. "Lors d'une 5ème audition, il admettait des faits plus graves, puisque vis-à-vis de l'une des victimes, il déclarait qu'il avait tenté une pénétration anale", selon M. Marconville. En fin d'audition, il a affirmé avoir abusé sexuellement une petite fille âgée de 5 ans.
La maman d'un des enfants concernés a témoigné dans La Voix du Nord : « Mon fils n’en avait jamais parlé. Je n’aurais jamais pensé un truc comme ça. (...) Il allait au centre Jacques-Brel le mercredi après-midi et un samedi sur deux pour faire des activités sport, cuisine, cirque, informatique…»
Qui est l'animateur mis en cause ?
Rudy G., âgé de 30 ans, est originaire d'Outreau. Il travaille avec des enfants depuis 2008. Il a d'abord été vacataire dans un centre de loisirs à Outreau. En 2012, il a été engagé dans des colonies de vacances pour une institution militaire. En 2014, il est devenu auxilliaire de vie scolaire à l'école des Tilleuls d'Outreau et il s'occupait du temps d'activité périscolaire.Sur sa page Facebook, il publiait de temps en temps des photos des sorties avec les enfants du centre de loisirs.
"D'après les éléments en notre possession, c'est quelqu'un qui vivait une vie sociale normale, pas d'antécédents, pas la moindre courante signalant des comportements réprimés par la loi, inconnu de la justice..., a précisé le procureur de Boulogne-sur-mer. Il est diplômé comme il se doit pour exercer les fonctions qui étaient les siennes".
Il avait "une vie personnelle assez restreinte et vit seul". Un ordinateur a été saisi lors d'une perquisition à son domicile, mais n'a pas encore été exploité.
Que risque-t-il ?
Rudy G. rique jusqu'à vingt ans de prison. Devant le juge qui lui annonçait la peine encourue, il s'est montré surpris : "Il a été surpris par le quantum de la peine encourue, a expliqué Pascal Marconville, procureur de Boulogne-sur-Mer. Je ne sais pas s'il avait conscience du fait que d'imposer des actes à caractère sexuelle à des enfants aussi jeunes constituait une énorme faute pénale. En tout cas, parmi celles que la loi réprouve avec le plus de fermeté.
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Rudy G. a été mis en examen et placé en détention provisoire mercredi à la prison de Longuenesse pour agressions sexuelles et tentative de viol présumées sur six enfants.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Y-a-t-il plus de victimes que les 6 déjà identifiées ? C'est bien sûr la question qui se pose immédiatement. "Le commissariat de Boulogne-sur-mer reste saisi afin d'identifier d'éventuelles autres victimes, a précisé le Parquet. Je précise également que ça ne signifie pas que tous les enfants qui auraient été en relation avec M.G. sont susceptibles d'avoir été victimes de ses agissements. L'intéressé avait une propension à agresser les mineurs lorsqu'il était totalement seul avec eux. Ce qui n'est pas une situation courante dans ses activités.""Evidemment ce dossier peut susciter l'émoi, je demande simplement aux familles des enfants qui auraient été amenés à être en contact avec M. G. de raison garder. Elles seront convoquées vraisemblablement rapidement par les services de police, mais ça ne signifie pas que leur enfant a forcément été victime de quelque chose". a précisé le procureur.
Comment a réagi la ville d'Outreau ?
L’animateur a été interpellé à l’école des Tilleuls, qui jouxte le quartier de la Tour-du-Renard. Là où l'affaire d'Outreau avait éclaté en 2001. Elle avait abouti à un fiasco judiciaire, après deux procès aux assises en 2004 et 2005. Treize des dix-sept accusés avaient été acquittés, après parfois trois ans de détention provisoire. Une affaire qui a fortement marqué la ville.Dans un communiqué commun, la mairie d'Outreau et le centre social Jacques Brel d'Outreau ont indiqué que le mis en cause était "animateur vacataire dans le cadre des temps d'activité périscolaires dans deux écoles de la commune. Cet individu, pourtant diplômé, identifié comme
un bon animateur, estimé par ses collègues qui sont tous sous le choc, n'avait jamais attiré l'attention sur lui", peut-on lire dans le communiqué.
La municipalité et le centre pourraient se porter parties civiles.
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