On l'a appris récemment, plus de 1000 migrants vont être répartis dans les Hauts-de-France pour démanteler la "jungle" de Calais. S'il n'y a pas encore de précisions sur le nombre exact de personnes accueillies par département, plusieurs villes de l'Aisne se sont déjà portées candidates.
"Nous avons un devoir de solidarité par rapport à la ville de Calais et un devoir humanitaire", lance Jean-Louis Bricout, maire socialiste de Bohain-en-Vermandois, dans l'Aisne. Le maire a annoncé vouloir mettre à disposition deux logements pour les réfugiés.Accueillir oui, mais sous certaines conditions
D'une part un logement de trois chambres, "pour une famille avec enfants par exemple", et d'autre part un studio. Ces appartements sont des logements d'urgence destinés au relogement éventuel lors d'un incendie, par exemple. "On peut se mettre en ordre de marche très rapidement", annonce le maire. Seule condition, que les personnes accueillies soient suivies par des intervenants sociaux. Pour cela, la ville a remis à neuf plusieurs bureaux afin de les accueillir.
La ville avait déjà signalé, il y a un an, sa volonté d'accueillir des réfugiés. Le comble vu la situation actuelle à Calais, c'est que personne ne s'était manifesté. Une situation que le maire ne s'explique pas. "Les réfugiés veulent probablement tous aller en Angleterre..." suppose-t-il.
La pédagogie de l'exemple
Jean-Jacques Thomas, maire d'Hirson, dans le nord de l'Aisne, croit beaucoup à la "pédagogie de l'exemple". Pour tordre le coup aux préjugés sur les réfugiés, il a une méthode bien à lui. Il y a sept mois, lors d'un conseil municipal où l'ordre du jour était l'accueil de 6 jeunes réfugiés afghans, le maire a fait venir le chef des urgences de l'hôpital d'Hirson... Un Syrien.
"Il n'a violé ni tué personne. En revanche, il a sauvé la vie de plusieurs personnes" a-t-il lancé en début de séance, provocateur. Résultat, l'arrivée de six jeunes afghans de 19 ans 25 ans a été votée à la majorité.
Ces jeunes, que le maire se refuse à appeler "migrant" mais "réfugiés de guerre", sont selon lui très bien intégrés. "Ils ont fait des progrès considérables en français." Anecdote intéressante, deux jeunes de la cité de Saint-Quentin ont spontanément réparé deux vélos pour leur offrir. Un enseignant à l'université leur a également offert deux ordinateurs.
Pas de logement réquisitionné
Le maire d'Hirson s'est donné une règle d'or, ne pas réquisitionner de logement. En revanche, il a contacté Guillaume Pépy, PDG de la SNCF, afin que certaines habitations soient libérées : "je trouve ça inadmissible que des logements soient vides", déplore le maire. Des négociations sont en cours.
Pour l'instant, la ville ne compte pas accueillir davantage de réfugiés. Mais Jean-Jacques Thomas le martelle, "tout le monde doit absolument s'y mettre"...
Accueillir sans choisir : le cas de Tergnier
À Tergnier, la mairie va accueillir 50 demandeurs d'asile. Mais cette fois, l'initiative ne vient pas de la ville. C'est l'Etat, via le ministère de l'Intérieur, qui a lancé
un appel à projet en novembre 2015. L’ABEJ Coquerel, une association accueillant et accompagnant les personnes en difficulté (Fondation diaconesses de Reuilly), s’est associée au bailleur social LOGIVAM.
Un reportage de Jean-Pierre Rey, Jean-Paul Delance et Pascal Ngankam ; avec Jean-Paul Belair, directeur régional de la Fondation Diaconesses de Reuilly ; Christian Grohem, maire (DVG) de Tergnier ; Paulo Barrocal, chef de service de la Fondation Diaconesses de Reuilly ;
"Une équipe mise en place par l’ABEJ, qui comprend déjà un responsable de site et une assistante sociale, qui seront bientôt rejoints par un autre travailleur social et un service civique", informe la municipalité. Car si certains logements sont mis aux normes, d'autres doivent être rénovés. Les travaux débuteront au second semestre 2017 pour une durée de 12 mois environ.
Pas le droit de travailler
Les demandeurs d'asile, envoyés vers le CADA de Tergnier par l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration), après une première enquête, arriveront au compte-goutte. "La montée en charge de l’accueil se fera progressivement", confirme-t-on du côté de la mairie. Une chose est sûre, le nombre de personnes accueillies n'évoluera pas, assure-t-on. "L’engagement des 50 est ferme, aucune autre place ne devrait ouvrir dans notre ville."
Ceux-ci n'auront pas le droit de travailler. Ils resteront à Tergnier le temps de la procédure de demande d'asile. Si elle est acceptée, ils devront quitter Tergnier. En cas de refus, ils devront quitter le territoire. Pour des raisons de sécurité, la municipalité a préféré ne pas communiquer l'emplacement de ces logements.