La répartition des migrants de Calais en régions se fera sur "un croisement de critères" et avec un souci d'"adéquation" de la taille des centres avec celle des communes d'accueil, a assuré mercredi Bernard Cazeneuve.
Le gouvernement veut "éviter à tout prix" d'installer des centres "de grande taille dans des bourgs de petite taille", ce qui n'aurait "aucun sens", a indiqué le ministre de l'Intérieur lors d'une audition devant la commission des Lois du Sénat, plaidant pour une "adéquation" avec la taille de la commune et "la nécessité d'avoir des tailles humaines pour procéder à un accueil de qualité".
Le gouvernement prépare le démantèlement du campement de la "Jungle" à Calais, où vivent entre 7 000 et 10 000 migrants. Il lui faut 12 000 places en Centres d'accueil et d'orientation (CAO) d'ici la fin de l'année pour les héberger.
"Personne n'a vu 161 mini-camps ou mini-Calais se constituer"
Depuis un an "nous avons ouvert 161 centres qui ont permis d'accueillir 5 600 réfugiés", a rappelé M. Cazeneuve, appuyant sur le terme de "réfugiés" car "80%" de ceux qui sont passés par ces centres "ont demandé l'asile en France". "Personne n'a vu 161 mini-camps ou mini-Calais se constituer", a-t-il souligné, dénonçant des "contre-vérités" et des "instrumentalisations vulgaires et outrancières" à ce sujet.
La répartition se fera dans la "concertation avec les élus concernés", a-t-il confirmé, et sur la base des "propositions des collectivités locales elles mêmes". Il sera procédé à un "croisement de critères": efforts déjà faits "au regard des populations déjà accueillies", disponibilité des structures, "capacité du tissu associatif à se mobiliser"...
"L'Etat a tout financé" depuis le lancement des CAO et il est "faux" de dire que "l'Etat se défaussera sur les maires", a lancé M. Cazeneuve. Mais "si on veut accueillir ceux qui doivent l'être, on doit reconduire ceux qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire national", a-t-il ajouté, plaidant pour "créer les conditions d'une facilitation du retour" de ces migrants. Par ailleurs une discussion est ouverte avec les départements sur "les conditions qui permettront d'accueillir dans de bonnes conditions les mineurs isolés", qui sont "de l'ordre de 900 à 950" à Calais, a affirmé M. Cazeneuve.
Un dialogue "extrêmement ferme" avec les Britanniques
A ce sujet notamment, un dialogue "extrêmement ferme" et "clair" a été ouvert avec les Britanniques, pour organiser ce démantèlement "dans des conditions d'humanité et de responsabilité partagée", a-t-il indiqué. Il a toutefois répété son opposition à toute renégociation de l'accord du Touquet, qui fixe le contrôle de la frontière britannique côté français à Calais.Le dénoncer ne ferait qu'"augmenter le flux et à terme le stock" de migrants "en encourageant les passeurs", a-t-il mis en garde. Même si la France ouvre sa frontière "cela ne garantit pas qu'un pays souverain comme la Grande-Bretagne ouvrira la sienne", et dans ce cas "on tient combien de jours? Dans quel climat de confusionet quel contexte humanitaire?" s'est-il interrogé.
Situation de maîtrise des demandeurs d'asile
"La France est dans une situation de maîtrise des demandeurs d'asile", a-t-il indiqué par ailleurs, rappelant qu'en 2015 environ 80.000 demandes avaient été déposées et que "nous serons entre 90 et 100.000 à la fin de l'année". Le président de la commission des Lois Philippe Bas (Les Républicains) s'est félicité de ces "réponses tangibles", relevant notamment "le volontariat des collectivités" et le fait que "toutes les charges financières seraient prises en charge par l'Etat".
La commission avait demandé il y a une semaine à entendre M. Cazeneuve pour avoir des éclaircissements sur ce plan de répartition des migrants révélé par voie de presse.