Calaisis : le trafic transmanche, un enjeu économique vital

Point le plus proche pour rallier la Grande-Bretagne, Calais est au coeur d'un florissant trafic transmanche soutenu par de récents investissements, malgré les perturbations liées à l'activité migratoire et le conflit social estival au port.

Pour franchir les 50 kilomètres séparant le continent de l'Angleterre, les transporteurs routiers peuvent charger leurs camions sur un ferry au port ou sur une navette d'Eurotunnel empruntant le tunnel sous la Manche. Près de 3,2 millions de camions ont ainsi transité en 2014 par ces accès. Le port en revendique 1,8 million, Eurotunnel 1,4 million. Et l'avenir s'annonce prometteur, selon les acteurs du secteur.

"Le trafic transmanche devrait croître de 40% d'ici 2030", affirme  Jean-Marc Puissesseau, président de la Chambre de commerce et d'industrie Côte d'Opale et du port de Calais, qui mise sur la "vigueur démographique du Royaume-Uni" et le "développement de son économie, et donc de sa consommation".

L'arbitrage port-tunnel dépend des marchandises : "nos transporteurs ont des contrats chez les deux et choisissent en fonction de leur matériel: s'ils transportent du +juste à temps+ (des livraisons urgentes, NDLR), ils privilégieront le tunnel, plus rapide, sinon le port est souvent moins cher", explique Sébastien Rivera, secrétaire général de la Fédération nationale des transports routiers du Pas-de-Calais.


Performances

"Calais est le 1er port de passagers d'Europe continentale (2e européen derrière Douvres), le 1er port routier de France et 2e européen et le 4e port français de marchandises", se targuent les autorités portuaires.

Même optimisme du côté d'Eurotunnel, où 2015 annoncerait de "nouveaux records" : fin septembre, la hausse du nombre de camions en transit est de 5% à 1,1 million par rapport à la même époque l'an dernier, de 2% pour les véhicules de tourisme. De bons résultats, malgré les pertes imputables aux retards et annulations liés aux tentatives d'intrusion répétées des migrants sur le site d'Eurotunnel depuis juin.

Le trafic Eurostar épouse la même tendance, puisque 10,4 millions de passagers ont emprunté le tunnel en 2014, un record.


Inaugurations

Signe de leur confiance en l'avenir : les deux infrastructures ont inauguré chacun de leur côté, la même semaine, un nouveau terminal fret, censé répondre à l'augmentation du trafic dans les années à venir. "Avec ce nouveau terminal, nous serons en mesure de gérer 2 millions de poids lourds à partir de 2020", avance le PDG d'Eurotunnel Jacques Gounon. "Ces travaux permettront de consolider l'augmentation de 2,5% au minimum du trafic transmanche maritime de cette année", assure M. Puissesseau.

Le port a pourtant dû composer aussi avec les intrusions de migrants et faire face aux grèves cet été des marins de l'ex-Scop SeaFrance qui ont bloqué à plusieurs reprises le trafic, causant "au moins 10 millions (d'euros) de pertes", selon lui. Si ces deux acteurs économiques toussent, c'est tout un territoire, où le chômage flirte avec les 13%, qui s'enrhume. Avec "4.000 emplois directs et autant indirects", Eurotunnel se vante d'être "l'un des premiers employeurs privés" du Calaisis quand le port revendique "10.000 emplois directs et induits".

La construction en cours d'un nouveau port, d'un nouveau terminal fret pour doubler la capacité des installations existantes devrait créer "2.000 emplois supplémentaires", selon son président. Ce chantier de 650 millions d'euros devrait durer cinq ans et demi.

Concurrents aux relations "froides", selon plusieurs sources, port et Eurotunnel tentent néanmoins de garder "des rapports normaux", avoue M. Puissesseau, surtout dans une période perturbée par le phénomène migratoire. "N'oublions pas que l'un bénéficie des malheurs de l'autre".
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