Le Secours catholique a contesté devant le tribunal administratif un arrêté de la mairie de Calais bloquant l'accès à un des bâtiments de l'association pour empêcher l'installation d'un conteneur équipé de douches destinées aux migrants. La décision doit être rendue ce lundi soir ou mardi.
"Depuis quelques semaines, de nombreux exilés sont de retour sur le Calaisis et ils se trouvent dans des conditions dramatiques, affamés, fatigués et ils ne se sont pas lavés depuis plusieurs semaines", a affirmé Me Lionel Crusoé, avocat du Secours catholique. Face à "une situation d'urgence sanitaire", le Secours catholique "a donc dégagé des solutions pour permettre à ces personnes de bénéficier d'un minimum d'hygiène et donc d'un minimum de dignité", a ajouté Me Crusoé, estimant que l'association devait "palier les insuffisances de l'administration".
"On ne peut pas laisser dire qu'il n'y a rien de mis en place, toutes ces personnes peuvent être acheminées dans des centres où elles peuvent être logées et où elles ont la possibilité de se doucher. L'État et la commune de Calais ont décidé que le retour de tout point de fixation sur le Calaisis n'était pas digne des personnes concernées", a rétorqué Me Paul-Guillaume Balaÿ, l'avocat de la mairie. Par ailleurs, il a estimé que "l'implantation de ces baraquements" était "illégale": "Il n'y a eu aucune déclaration préalable ni permis de construire et rien ne prouve qu'il s'agit d'installations temporaires."
Bloqués par une benne
La décision du tribunal sera "purement juridique", a insisté la juge, Cécile Vrignon, avant de questionner l'avocat de la mairie : "Pourquoi la municipalité a-t-elle utilisé cette benne ? Elle aurait pu poser des scellés légalement, pourquoi utiliser cette technique qui pose un problème juridique ?"Dans son arrêté daté du 8 février, la mairie de Calais avait, entre autres, décidé de la pose d'une benne à matériaux devant l'accès des véhicules desservant les locaux, propriétés de l'association humanitaire, qui servait jusqu'à peu "de local vestiaire". Celle-ci avait pu faire entrer dans ses locaux deux modulaires équipés de douches, avant que la "mairie" ne fasse "obstacle à l'entrée du 3e", avait affirmé Vincent De Coninck, chargé de mission au Secours Catholique.
Fin janvier, la mairie de Calais avait également porté plainte contre X après la découverte de ce qu'elle considérait être un squat de migrants qui séjournaient sous des modulaires d'un autre local du Secours catholique, en périphérie de la ville, plus de trois mois après le démantèlement de la "Jungle".