Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a réitéré ce mercredi lors d'un déplacement sur l'ex-site de la "Jungle" de Calais l'opposition du gouvernement à "tout point de fixation" dans le Calaisis qui pourrait servir d'"appel" aux migrants, adressant une fin de non-recevoir aux associations.
"Je ne veux absolument pas, après ce qu'il s'est passé ici, qu'il puisse à nouveau y avoir un appel (...) Nous mettons tous les moyens de prise en charge (des migrants) mais en même temps d'éloignement du Calaisis", a déclaré Bruno Le Roux, venu constater les travaux de réhabilitation du terrain de la Lande. Insistant sur le double message "d'humanité et de fermeté" du gouvernement, le ministre a notamment demandé aux acteurs associatifs "d'accompagner l'Etat dans cette démarche" pour empêcher "que les réseaux de passeurs se réorganisent".
Plusieurs associations d'aide aux migrants lui ont cependant écrit la veille pour dénoncer l'absence de structure d'accueil à Calais, alors que la présidente de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme vient de "condamner vivement" auprès de Bernard Cazeneuve l'"impasse" des décisions récentes en matière migratoire. Les signataires de ce courrier, dont L'Auberge des migrants, Emmaüs France, Utopia 56, Salam et le Secours Catholique du Pas-de-Calais, menaçaient de "recommencer, comme par le passé, à organiser de nouveau une distribution alimentaire de rue" si les pouvoirs ne mettaient pas en place un dispositif adapté.
"Ceux qui viennent à Calais doivent savoir qu'ils ne pourront pas y rester"
"Nous n'empêcherons pas les distributions de repas, mais tout ce qui fait qu'il peut y avoir fixation. Il y a des centres pour cela, des centres d'accueil pour faciliter la prise en charge avec la plus grande humanité mais il n'y aura pas ce genre de centre sur le territoire", leur a répondu M. Le Roux. "Nous prenons toutes nos dispositions avec des places en CAO qui ont été créées et certaines devront rester : j'ai demandé qu'il y ait au moins 90% des places existantes qui puissent perdurer. Il y a eu un doublement des places en CADA (pour les demandeurs d'asile, NDLR) de 20 000 à 40 000 qui nous permettent d'assurer un accueil et pour le reste, tous ceux qui viennent à Calais doivent savoir qu'ils ne pourront pas y rester", a-t-il précisé.M. Le Roux ne s'est cependant pas prononcé sur les interpellations régulières de migrants, dont certains mineurs, devant le local d'accueil de jour du Secours catholique de Calais qui leur propose des douches et du repos. L'ex-Jungle, plus grand bidonville de France qui accueillait avant son démantèlement en octobre entre 4 000 et 6 000 migrants selon les sources, devrait prochainement devenir une réserve naturelle ouverte au public. Plusieurs observatoires y seront installés pour permettre de contempler la présence d'oiseaux migrateurs, notamment des hirondelles de rivage et plusieurs zones humides devraient être réhabilitées.