Mur anti-migrants : la maire de Calais menace de prendre un arrêté contre sa construction, la préfecture réplique

La maire de Calais, Natacha Bouchart (LR), devenue hostile depuis peu à la construction d'un mur "anti-intrusion" de migrants près du port, a menacé vendredi de prendre si besoin un "arrêté interruptif" des travaux. "Les travaux ont vocation à se poursuivre", répond la préfecture du Pas-de-Calais.

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Dans un communiqué, Natacha Bouchart, maire (LR) de Calais, écrit que "n'ayant aucune réponse du gouvernement" sur sa demande de "non-démarrage de la construction", elle a fait établir jeudi "un constat d'infractions" au "code de l'environnement et de l'urbanisme" à l'encontre de l'entreprise ayant lancé les travaux dont la Direction Interdépartementale des Routes (DIR) du Nord assure la maîtrise d'ouvrage. "Sans réponse sous huit jours, je signerai un arrêt interruptif de travaux", ajoute-t-elle dans son texte. 

La maire de Calais a indiqué depuis à l'Agence France Presse (AFP) que le constat d'infraction avait été établi par un "ingénieur du service urbanisme" de la ville. Il s'appuie notamment sur deux points : le fait que le secteur où est construit ce mur soit "classé en zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager, devenu site classé remarquable", et qu'il se situe également en zone Seveso, en raison de la proximité de deux usines chimiques. "Et quand on construit dans un tel périmètre, il y a des obligations, en termes de consultation ou d'études d'impact", affirme l'élue, qui estime de son "ressort" de prendre un arrêté. 

Des travaux "largement concertés" selon la préfecture

Natacha Bouchart a cependant reconnu que "la préfecture peut passer outre" cet arrêté et ne pas l'appliquer. "Je veux marquer les choses, en utilisant les armes juridiques en ma possession. Et si besoin, nous irons au tribunal", a-t-elle menacé, avant de lancer : "Les Calaisiens en ont ras-le-bol de voir des barrières et des barbelés partout, on se sent complètement enfermé". 

La préfecture du Pas-de-Calais a réagi à ces propos dans un communiqué diffusé ce vendredi après-midi, assurant que "les travaux ont vocation à se poursuivre". Elle rappelle que "ces travaux se déroulent dans le strict respect de la légalité et ont été largement concertés". "Ce projet a fait l’objet d’une concertation étroite avec l’ensemble des parties prenantes (mairie de Calais et autres élus, exploitant du port de Calais, forces de sécurité intérieure, services de secours, acteurs économiques, …) qui n’ont soulevé aucune objection", insiste la préfecture. "Il a également été présenté le 6 juillet 2016 aux riverains de la rocade portuaire et à la presse locale à l’occasion d’une réunion publique co-présidée par la Sous-préfecture et la Mairie de Calais." 

En juin, Natacha Bouchart appelait à "poursuivre le travail de protection de la rocade menant au port"

Le 24 juin, Natacha Bouchart soutenait encore l'édification de ce mur, sans invoquer d'obstacle sur le plan de l'urbanisme ou de l'environnement. "La zone nord de ce qu'on appelle "la Jungle", à côté du camp humanitaire, ne devrait pas exister", déclarait-elle à l'AFP. "D'ici là, il faut poursuivre le travail de protection de la rocade menant au port. Les autorités sont en train de préparer l'élévation d'un mur de 4 m sur 1 km. Si on ne poursuit pas, c'est nous Calaisiens qui en subissons les conséquences". Elle avait même demandé que le mur soit "végétalisé" et soit aussi un mur anti-bruit à cause de la présence de riverains tout près de la rocade. Mais, depuis l'annonce le 2 septembre par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve d'un démantèlement rapide de la "Jungle" de Calais, où vivent entre 6 900 et 10 000 migrants selon les sources, Mme Bouchart, soutien de Nicolas Sarkozy dans les primaires à droite pour la présidentielle, estime que ce mur n'a "plus lieu d'être".

"Dans un contexte international de crise migratoire durable, cette stratégie doit être pérennisée pour les prochaines années, bien au-delà du démantèlement du campement de Calais qui interviendra avant cet hiver, afin de diminuer l’attractivité du Calaisis pour les passeurs", lui répond ce vendredi  la préfecture du Pas-de-Calais. "Vouloir arrêter la construction de ce mur végétalisé revient à décider d’envoyer un signal d’impunité aux passeurs". Financé par la Grande-Bretagne (2,7 millions d'euros), il vise à protéger la rocade des assauts répétés de migrants, qui tentent de monter à bord des camions en partance pour l'Angleterre.
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