Bruay-la-Buissière : des photos collées sur les corons pour le nouveau film d'Agnès Varda et JR

Collaboration exceptionnelle entre la réalisatrice Agnès Varda et le photographe JR, le film "Visages Villages" sera présenté hors compétition à Cannes. Il présente une série de portraits, dont celui de Jeannine Capentier, habitante de Bruay-la-Buissière.

C'est une collaboration étonnante qui unit aujourd'hui la célèbre réalisatrice Agnès Varda, le photographe JR, spécialisé dans le collage grand format et le chanteur M. Ensemble, ils réalisent un film documentaire intitulé "Visages Villages", pour lequel ils ont silloné les routes de France, hors des grandes villes, dans le camion photographique de JR. "Il m’a semblé évident que [sa] pratique de représenter les gens agrandis sur les murs, valorisés par la taille, et ma pratique de les écouter et de mettre leurs propos en valeur, cela allait donner quelque chose", explique Agnès Varda dans un entretien avec Olivier Père. 

Résultat : un tour de France des villages, à la rencontre de personnes inconnues, au propos valorisé par l'image. Dans le cadre de ce voyage, les artistes se sont arrêtés à Bruay-la-Buissière, où ils ont rencontré Jeannine Carpentier, la "seule survivante du coron" de la rue Desseilligny. "Quand j'ai vu mon portrait sur la maison, je n'avais plus de jmabe. J'ai pleuré de joie. Et j'en frisonne encore", souffle la vieille dame. 




 

Belle rencontre


La rencontre s'est faite en 2015. "Quelqu'un est venu sonner à ma porte. Il m'a dit "Je suis sincère"", explique Jeannine Carpentier. "Sur le moment je me suis "Mon Dieu !". Je n'ai pas l'habitude de recevoir des gens du cinéma moi...", sourit-elle. Elle finit par accepter. Le lendemain, Agnès Varda arrive "avec toute sa brigade". "Quand elle m'a dit que c'était pour parler des mineurs, j'ai tout de suite dit oui."

"Aujourd’hui, il n’y a plus de mines, mais on a rencontré une femme, la dernière habitante d’une rue de coron. Elle a parlé de son père mineur, et des anciens mineurs nous ont dit des choses très belles sur un monde qu’on n’a pas connu. C’était intéressant de voir qu’ils en parlaient avec une telle force. Cette femme, Jeannine, nous a émus", explique Agnès Varda. 

Jeannine Carpentier tenait en effet à honorer la mémoire des mineurs. La maison devant laquelle elle pose appartenait à son père, "pris par la mine". Elle, mariée pendant deux ans et demi avant la perte de son mari, est donc revenue rapidement dans la maison de son enfance. "C'est là où j'ai tous mes souvenirs, où j'ai fait mes premiers cris. On ne peut pas effacer un passé comme ça."

C'est la raison pour laquelle, pendant des années durant, Jeannine Carpentier a "résisté". Elle ne voulait pas partir de sa maison, a fini par devenir la dernière habitante de la rue. Puis s'est résignée, pour être relogée ailleurs. "Quand j'ai donné les clés, c'était comme si on m'arrachait quelquechose.

Quoi de mieux alors, pour représenter cet attachement féroce, que d'afficher en grand le portrait de Jeannine sur la façade de cette maison ? A côté de ça, JR a également réalisé cet immense collage de mineurs, sur une autre façade. Belle manière de ne pas oublier l'histoire.

 



"Visages, villages", un film d'Agnès Varda et JR. Sortie le 28 juin 2017. 
 

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