La préfecture de l'Oise n'est pas encore prête à acter ou non la fermeture de la grande mosquée de Beauvais, mais après avoir suspendu l'imam controversé et fait profil bas pendant dix jours, l'association à la tête du lieu de culte réinvite ses fidèles à la prière ce mercredi midi.
Elle avait laissé passer l'orage. La mosquée Bilal, future grande mosquée de Beauvais, menacée d'une fermeture administrative pour des prêches intégristes qu'aurait tenus un imam, avait d'elle-même fermé ses portes, "pour protéger ses fidèles des journalistes qui s'agglutinaient", rappelle Me Samim Bolaky, avocat de l'association musulmane à la tête de la structure. Elle a décidé de les rouvrir.
"Nous vous attendons dès demain mercredi 22 décembre à partir de la prière de dohr (à la mi-journée, ndlr), pour la réouverture de notre lieu de culte Incha Allah", écrit l'ASCEF (Association socio-culturelle espoir et fraternité) dans un message titré "Réouverture", relayé hier parmi ses fidèles.
"Espérons que cette réouverture soit définitive, peut-on lire dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Je prie chaque jour pour la communauté musulmane qui s'est retrouvée sans lieu de culte, une véritable hérésie."
Une réouverture légale
La procédure de fermeture, lancée le 10 décembre par la préfecture de l'Oise, n'en est qu'au stade de l'étude. Disposant de dix jours pour se défendre, Me Bolaky dit avoir rencontré le sous-préfet à plusieurs reprises et fourni, jusqu'à ce lundi soir, "des éléments assez volumineux". La préfecture compte se laisser le temps de la réflexion.
Même si le délai de dix jours est terminé, il n'y a pas d'obligation juridique de prendre une décision tout de suite. On est encore en phase d'analyse. La décision n'est pas encore prise à notre niveau.
Préfecture de l'Oise
Dans ce contexte, l'ASCEF est en droit de reprendre ses activités. Son avocat assure qu'elle "se soumettra à la décision" et rappelle que l'imam accusé d'incitation à la haine et d'apologie du djihad "a été suspendu et n'a pas vocation à intervenir aujourd'hui ou dans les prochains jours".
Me Bolaky prévoit que cette réouverture à la mi-journée ne sera reproduite qu'"au cas par cas". "L'association souhaite voir au moins une fois ses fidèles, elle a décidé de rouvrir aujourd'hui, demain ça ne sera peut-être pas le cas", temporise l'avocat.