Il prétendait n'avoir sur lui que 9 900 euros en liquide : c'est en réalité plus de 85 000 euros qui ont été trouvés dans les bagages de ce passager à destination de la Jordanie. Une saisie douanière qui sort à peine de l'ordinaire, d'après le directeur régional des douanes d'Amiens.
Il était presque six heures du matin, jeudi 23 janvier, quand les douaniers de Beauvais ont fait une découverte éloquente dans les effets personnels d'un voyageur à destination d'Amman, en Jordanie. Une information révélée par Ici Picardie. L'homme a déclaré avoir 9 900 euros en liquide sur lui. La somme maximale autorisée au départ de la France est de 10 000 euros. Suspicieux, les douaniers ont procédé à une fouille approfondie de ses effets personnels. Bien leur en a pris.
"Il dissimulait sur lui 31 715 euros en petites coupures (billets). L’individu contrôlé était en outre en possession de trois bagages destinés à embarquer dans les soutes de l'avion qui contenaient 53 500 euros. Ainsi, le passager transportait un total de 85 215 euros en billets" indique sobrement Michael Lachaux, directeur régional des douanes d'Amiens.
Une goutte dans un océan de cash
"La somme est impressionnante, rapportée en petites coupures de 20, 10 et 50 euros, ça fait tout de suite un volume, continue le directeur régional. Le caractère exceptionnel, ce sont les suites judiciaires engagées par le parquet de Beauvais. On part sur une instruction judiciaire avec une incarcération temporaire." C'est la première fois qu'une saisie douanière d'argent liquide sur l'aéroport donne lieu à de telles suites, indique Michael Lachaux.
Depuis septembre, les douanes ont renforcé leur vigilance sur la circulation d'argent liquide. Sur les onze premiers mois de 2024, plus d'un million d'euros en cash a été saisi à l'aéroport de Beauvais. "La douane française, j'y associe l'office national antifraude, en 2023, c'est 160 millions d'euros identifiés, soit saisis par la douane, soit proposés pour des saisies judiciaires, détaille Michael Lachaux. On voit bien que l'argent liquide circule en masse. Il y a clairement une augmentation, là, on parle d'une affaire à Beauvais, mais l'aéroport n'est pas plus ou moins sensible qu'un autre."
Il souligne que le liquide est la seule option disponible pour les réseaux criminels, avec la cryptomonnaie. "Pablo Escobar enterrait l'argent de son trafic dans son jardin, c'est bien qu'il ne pouvait pas le mettre à la banque" sourit le chef des douaniers picards.
Ce qui est plus surprenant, c'est une telle somme d'argent en partance pour la Jordanie : en temps normal, ce vol est plutôt sensible dans l'autre sens, avec des arrivées massives de tabac de contrebande. "Je ne suis pas en capacité de faire le lien avec le trafic de tabac, mais ça pourrait être le cas, ça peut être du narco banditisme, de l'argent du travail au noir. Quoi qu'il en soit, c'est de l'argent sale, pas de l'argent qui sort d'une banque" souligne Michael Lachaux.
Direction Marseille
Cette saisie est peut-être l'une des dernières en Picardie pour Michael Lachaux : il quitte son poste mercredi 29 pour prendre des fonctions à Marseille. Diplomate, le directeur des douanes d'Amiens insiste sur le fait que "le premier point à Marseille, c'est déjà de ne pas oublier la Picardie. La douane Picarde a une singularité, c'est que c'est une petite direction qui a tout de même saisi une tonne de drogues, 60 tonnes de tabac, de gros volumes. Une douane très agile, un territoire d'innovation pour la douane française et je veux l'emmener à Marseille, une structure beaucoup plus importante qui n'est pas seulement exposée à des enjeux régionaux."
Parmi ces enjeux, l'activité économique licite représentera une grande partie du travail. Puis, en deuxième position des priorités de Michael Lachaux, la lutte contre la fraude, évidemment. Et trois ans en Picardie qui pourraient servir : "finalement l'expérience acquise à Beauvais me sera très utile à Marignan, il ne manque qu'une seule chose, à la différence de Marseille, c'est l'ouverture sur la Méditerranée" conclut Michael Lachaux. Son remplaçant devrait arriver de Lyon dans les mois à venir.
Avec Laurent Debesse / FTV