Alors que le président Emmanuel Macron doit s'exprimer mercredi 28 octobre, après avoir réunit deux Conseils de défense consacrés à la deuxième vague de l'épidémie, les élus picards réagissent par avance à de nouvelles mesures.
"Il faut s'attendre à des décisions difficiles" pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, avait déclaré mardi 26 octobre sur France Inter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avant l'ouverture d'un Conseil de défense consacré à la gestion de la crise sanitaire. Mercredi 28 octobre, le président de la République, Emmanuel Macron, prendra la parole à 20h pour annoncer de nouvelles mesures pouvant aller jusqu'à un reconfinement national.
"Il ne faut pas oublier l'économie"
Consciente de la situation de crise sanitaire que traverse le pays, Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (SNCT), attend résignée, les nouvelles mesures gouvernementales. "Je pense qu’aujourd'hui c'est un équilibre très difficile à maintenir pour le gouvernement entre la protection de l’économie et la protection de la santé des Français. Il faut tout faire pour les protéger de la deuxième vague, qui est importante, et protéger aussi les hôpitaux, médecins, et infirmières qui sont au-devant la scène, mais il ne faut pas oublier l'économie. Ce serait une catastrophe de revenir vers un reconfinement."Premier département touché par le coronavirus, l'Oise subit le couvre-feu depuis dimanche. "Faudrait-il faire un couvre-feu plus important ou peut-être un confinement localisé dans les territoires plus particulièrement frappés ? Ce sont des décisions très difficiles à prendre. Ce n’est pas moi qui vais faire des recommandations, mais il faut attirer l'attention sur les gestes barrières. Nous avons été aux avant-postes, il faut que les Français soient sérieux. La crise n'est pas terminée. On essaiera de s'adapter."
La santé, c'est aussi la priorité d'Alain Vasselle, président de l'Union des maires de l'Oise. "Protéger les concitoyens de la pandémie, surtout les personnes les plus vulnérables : pour y parvenir, il faut que la solidarité intergénérationnelle joue à fond. À partir du moment où certains ne le font pas, le gouvernement n'a pas d'autres choix que le couvre-feu et le confinement dans certains cantons. En revanche, le confinement général serait mortel pour certaines entreprises et la situation de la France ne lui permet pas d'aller au-delà de son niveau actuel [d'endettement, NDLR], qui est de 120% de son PIB. Moi, je ne critiquerai pas les décisions du gouvernement mais je suis plutôt optimiste, en ce sens où le gouvernement devrait limiter le confinement dans les grandes villes. À la campagne, si les gens prennent toutes les précautions, le virus circule moins vite."
"Difficile d'imaginer les écoles et les entreprises fermées"
Un sentiment que partage également la maire d'Amiens Brigitte Fouré, qui sera solidaire des mesures prises pour limiter la propagation de l'épidémie. "S'il le faut, je serai bien obligée d'admettre qu'il faut passer par des mesures plus strictes encore, même si évidemment je ne le souhaite pas du tout. Pour moi, c'est vraiment difficile d'imaginer les écoles et les entreprises fermées. Les écoles parce qu'on a vu le risque que cela causait sur la scolarité des enfants. On a creusé la fracture sociale au moment du confinement donc je ne veux surtout pas que cela se reproduise. Et puis les entreprises, je n'ai pas besoin de vous faire de dessin."Pour Bénédicte Thiébaut, présidente de l'association des maires de la Somme, le durcissement des mesures paraît inévitable mais elle souhaite "que concertation entre les élus demeure. Nous nous concertons beaucoup avec les services de l'État. Le confinement total, on l'a vécu. Il a été bien accepté parce qu'on savait qu'il y avait une sortie. Le confinement avait eu lieu au printemps. Là nous arrivons dans la période hivernale, la morosité plus les fêtes de Noël approchant, je ne sais pas comment on s'en sortirait. Dans la Somme, nous sommes épargnés mais ça nécessite une vigilance constante de la part des élus. J'aimerais être optimiste mais la réalité est là.