Une influenceuse témoigne du harcèlement scolaire qu'elle a subi dans l'Oise : "il faut en parler et ne pas avoir honte"

En cette journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire jeudi 5 novembre, nous avons reccueilli le témoignage de Jennifer Caron. À 23 ans, la jeune femme originaire de Trie-Château dans l'Oise est aujourd'hui une influenceuse épanouie. Elle a pourtant souffert de harcèlement scolaire.

Tout a commencé lors de son entrée au collège. "Planche à pain, le tuc comme le biscuit apéritif, un grand front..." Les moqueries et les attaques sur le physique et les changements liés à la puberté se multiplient. Les mots sont parfois suivis de menaces et violences physiques. Pourtant, Jennifer garde le silence. "Quand on est persécuté par des gens, on n’ose pas dire par qui, parce qu’on pense que si on le dit, ça va nous retomber dessus," raconte-t-elle, la voix étranglée. 

Mal à l'aise dans cet environnement toxique et effrayée par d'éventuelles représailles, la jeune étudiante ne voyait pas le bout du tunnel. "J’ai passé plusieurs semaines chez moi parce que je ne voulais plus retourner au lycée." Encore aujourd'hui, il est difficile pour elle d'en parler sans avoir les larmes aux yeux. 
 

Le moment où ça se passe, on se dit que ça ne va jamais s’arrêter

 Jennifer

La violence prolongée en ligne

"C'était tout le temps pesant, décrit la jeune femme. Dans les couloirs, dans les cours il fallait que je fasse attention." Mais le harcèlement ne s'arrête pas aux grilles de l'école. Sur Facebook, la violence verbale continue dans les conversations virtuelles. Parfois, elle est complètement exclue de groupes de messagerie en ligne. "Je sais que ce sont des trucs qui ont l’air idiot comme ça, mais c’est une façon de mettre les gens de côté et de blesser forcément," explique Jennifer. "Parfois les mots font aussi mal que de se faire taper," ajoute-t-elle.

"Je me sentais parfois tellement seule que je ne voulais plus être là. Je me disais que peut-être le mieux c’était que je me libère de toute cette souffrance," se souvient Jennifer. Heureusement, elle a pu compter sur le soutien de quelques amies proches et de ses parents.


Un soutien crucial

C'est aussi grâce à l'écoute et à l'intervention de l'un de ses professeurs que Jennifer a réussi à s'en sortir. Lors d'un cours d'arts plastiques, la sculpture réalisée par la jeune femme attire l'œil de son enseignant. 

"Le prof nous demandait toujours pourquoi on avait fait cela, quel était le but de notre œuvre d’art. Il m’a prise à part, m’a demandé d’expliquer pourquoi j’avais fait ça, pour me noter et me comprendre. Ce prof était hyper sensible, raconte Jennifer. J’ai commencé à expliquer que cette sculpture était une femme qui se sentait brisée car elle avait des fissures, d’où les lignes sur elle. Le prof a senti qu’il y avait quelque chose. Je lui ai dit qu’elle était entourée de fils barbelés comme si elle était en prison, qu'elle ne pouvait pas être elle-même car sinon on la jugeait et je me suis mise à pleurer," raconte Jennifer. 

Après cette discussion, ce professeur décide d'effectuer un signalement à la direction. La jeune élève est alors prise en charge, enfin écoutée. "Ce que j’ai retenu c’est que c'était les autres qui avaient un problème à l’intérieur d’eux, et du coup vu qu’ils n'étaient pas bien, ils se défoulaient sur quelqu'un d’autre."


Un nouveau départ

"Pour mes études, j’ai décidé de m’exiler et je suis partie à Orléans. Ça m’a fait du bien, " raconte Jennifer. S'exiler, le mot est fort, mais c'était la bonne décision à prendre selon la jeune femme. En parallèle de ses études, elle commence à poster des photos sur Instagram. "J’aimais cette idée de partager des photos pas forcément de soi, mais de ce qu’on aime" explique-t-elle. Rapidement, elle devient nano-influenceuse, c'est-à-dire une blogueuse suivie par une communauté de moins de 10 000 personnes, qui collabore avec des marques. 
 

Consciente des dangers potentiels de cyber-harcèlement, elle y poste du contenu tendance et espère entretenir un climat de bienveillance sur la plateforme. "On peut essayer d’aider les autres, moi c’est ce que je fais avec des phrases positives. Je dis qu’on peut rester soi-même et être cool, que ce n’est pas la peine de faire 40 kilos et d’être mannequin." Elle-même a développé sa confiance en soi, et a depuis participé à l'émission Les Reines du Shopping sur M6. 

Aujourd'hui, la jeune femme a un message à faire passer aux jeunes victimes de harcèlement scolaire comme elle l'a été : "Il faut en parler et ne pas avoir honte.
 
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