Les gendarmes de l'Oise ont procédé à la saisie de dix tigres, à Blacourt, ce mercredi 16 décembre, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour des faits de maltraitance animale. Les fauves ont pris la direction de la Loire, où ils subiront des examens vétérinaires.
C'est une saisie assez inhabituelle et la suite d'une affaire judiciaire débutée il y a près d'un an. Ce mercredi 16 décembre, la gendarmerie de l'Oise a retiré dix tigres à leur propriétaire, à Blacourt, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour maltraitance animale. Cette opération fait suite à la plainte de One Voice, déposée début 2020. Une enquête pénale est en cours.
One Voice au créneau
En janvier dernier, l'association de défense des animaux publie sur son site internet un article à charge contre Mario Masson, dresseur de tigres itinérant depuis 47 ans et propriétaire de dix fauves. Elle y accuse le dompteur de maltraitance, démontrant, images à l'appui, que les animaux ne sortent quasiment jamais du camion dans lequel ils sont enfermés.
Des accusations choquantes pour le dresseur, qui argue que ses tigres disposent d'un parc de détente et d'une piscine auxquels ils sont libres d'accéder en journée. Le maire de la commune lui-même prend la défense de Mario Masson lors d'une visite, affirmant avoir trouvé les tigres "en bonne forme". Tout comme le personnel du parc St Paul, où le dresseur propose régulièrement des animations.
Plusieurs infractions relevées
Mais la justice en a décidé autrement. Dépêché sur place cet été, l'Office français de la biodiversité (OFB) a relevé plusieurs éléments confortant la piste du délit de mauvais traitement, passible d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. Par ailleurs, les enquêteurs ont constaté plusieurs infractions au code de l'environnement, notamment en raison d'une activité d'élevage et de cession d'animaux sauvages, sans respect de la législation en vigueur.
"Une magnifique victoire" pour One Voice, à qui les fauves ont été confiés ce mercredi. L'association a organisé à ses frais le transport en convoi exceptionnel des tigres, qui rejoindront en premier lieu le refuge Tonga terre d'accueil, dans la Loire, pour un premier examen. Car l'association redoute d'éventuels problèmes de santé chez les bêtes - surpoids voire d'obésite - liés à leur inactivité et à une possible consanguinité. Il y resteront le temps de la procédure judiciaire, avant de prendre définitivement la route pour l'Italie.
Une reconversion compromise
Contacté par notre rédaction, Mario Masson, sous le choc, n'a pas souhaité s'exprimer. En septembre dernier, il avait réagi à l'annonce de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, d'interdire la faune sauvage dans les cirques itinérants. "Une annonce brutale" mais prévisible pour ce dresseur qui estimait exercer son métier correctement mais regrettait la pression toujours plus forte des associations de défense du bien-être animal.
Conscient de la précarité de sa situation, il envisageait une reconversion dans le tourisme. Le dompteur souhaitait développer une offre de location de lodge à proximité de ses bêtes, pour lesquelles il entendait construire un cadre naturel fixe, et ainsi basculer dans la catégorie des zoos. Une reconversion compromise.