Ce mardi 29 septembre, Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique a annoncé une série de mesures destinées à améliorer le bien-être de la faune sauvage captive, dont la fin progressive de ces animaux dans les cirques itinérants. Une annonce qui fait réagir les dresseurs picards.
"C'est une catastrophe, s'indigne la famille Bauer, qui dirige le parc animalier de Saint-Léger-en-Bray, dans l'Oise. On est en train de détruire un métier." Une réaction viscérale face aux mesures annoncées par Barbara Pompili, ce mardi 29 septembre. La ministre de la Transition écologique a notamment décrété la fin progressive de la faune sauvage dans les cirques itinérants.
Bien plus qu’une menace ou qu’une proie, l’animal sauvage est désormais, avant tout - et c’est ma conviction profonde - un être à préserver, et à respecter dans son intégrité. pic.twitter.com/4rILGcMwHQ
— Barbara Pompili (@barbarapompili) September 29, 2020
"On s'y attendait"
Une déclaration qui impacte directement Mario Masson, propriétaire de dix tigres à Blacourt, dans l'Oise. "Évidemment, cette annonce brutale n'est pas bien accueillie par la profession, souligne le dresseur, ni par une certaine partie de la population qui aime le cirque traditionnel avec des animaux." Mais ce n'est pas une surprise non plus pour le dompteur."On s'y attendait un jour ou l'autre, poursuit-il, vu les problèmes rencontrés depuis plusieurs années." Mario Masson entend par là la pression toujours plus forte des associations de défense du bien-être animal qui pointent régulièrement les conditions de vie des animaux en captivité. Le dresseur isarien, qui exerce depuis 47 ans, a notamment fait l'objet de plusieurs plaintes, jusqu'à présent classées sans suite.
Des normes précises
"Tous les animaux en captivité ne sont pas malheureux, explique de son côté la famille Bauer, circassienne pendant de nombreuses années. Dans les cirques, on s'occupe très bien d'eux, et les dompteurs, que vont-ils devenir si on leur retire leur passion ?" Les propriétaires du parc de Saint-Léger rappellent d'ailleurs que les cirques itinérants font l'objet de contrôles réguliers."Il nous faut un certificat de capacité pour travailler, confirme Mario Masson. On répond à des normes bien précises." Le dresseur, qui perçoit cette mesure comme une stigmatisation, estime que sa profession a déjà fait de gros progrès. "On ne dresse plus un fauve comme il y a 50 ans."
Vers une reconversion
Pour le dresseur, la solution passera par une reconversion, que le gouvernement entend encourager à hauteur de huit millions d'euros. Pour l'heure, il exerce, en parallèle de ses activités animalières, une affaire de vente de voitures d'occasion à Beauvais pour pouvoir continuer de payer son salarié vétérinaire, la nourriture de ses fauves et les charges alors qu'il est de moins en moins sollicité.Mais sur le long terme, il souhaite développer une location de lodge, à proximité de ses tigres qui évolueront alors dans un cadre naturel fixe avec plan d'eau. Une activité apparentée aux pratiques des zoos. "On ne sera plus dans le spectacle, mais dans la pédagogie", explique-t-il.
En plus de cette annonce, la ministre de la Transition écologique a proclamé trois autres mesures : la fin de la présence d'orques et dauphins dans les delphinariums inadaptés, le fin des élevages de visons pour leur fourrure et le soutien aux zoos qui améliorent leurs conditions de détention. Des mesures dont les modalités d'application demeurent incertaines.