Situés à Beauvais (Oise), les ateliers de la Brosserie Française se lancent à l'assaut de la grande distribution. Leur produit : une brosse à dent made in France. Un pari audacieux pour l'entreprise menacée par la délocalisation vers l'Asie en 2011. Un nouveau départ pour l'usine beauvaisienne en fonctionnement depuis 1845.
Elle a été pensée pour la grande distribution. Un manche fabriqué dans l'Orne, des filaments bleu, blanc et rouge qui viennent d'Allemagne, le tout assemblé à Beauvais (Oise) : la recette d'une brosse à dents made in France conçue dans les ateliers de la Brosserie Française.
"Notre brosse à dents, elle est faite à partir de plastique recyclé qui a déjà eu une première vie, les filaments sont constitués à 70 % de base végétale et tout ça est fabriqué dans l'usine de Beauvais, avance Olivier Remoissonnet, directeur général de la Brosserie Française, ce qui donne un élan de circuit court et qui permet de distribuer un produit qui a un faible impact carbone". Un impact 3 à 4 fois moins important que les autres produits sur le marché d'après le directeur.
Objectif : la grande distribution
Jusqu'ici, la Brosserie Française fabriquait principalement les brosses à dents de la marque Bioseptyl, vendue uniquement dans les magasins bios, sur internet et dans les pharmacies. Désormais, les ateliers beauvaisiens s'enrichissent d'une nouvelle marque et compte bien conquérir un nouveau marché : celui de la grande distribution.
Une fierté pour les salariés. Entre les lignes de production, Angélique Brébant, bientôt 36 ans d'ancienneté, ne cache pas son enthousiasme. "En France, on peut faire beaucoup de choses, la preuve, regardez, argumente-t-elle, une poignée de brosses à dents bleue, blanche et rouge à la main, allez trouver des brosses à dents vendues par trois à moins de 5 €, c'est rare ! Moi j'y crois au made in France, il y a du potentiel."
Renaissance de la Brosserie Française
Aujourd'hui, l'entreprise se porte bien, mais cela n'a pas toujours été le cas. En 2011, les brosses à dents françaises sont victimes de la concurrence asiatique et les prix chutent. Mais à contre-courant des délocalisations, la Brosserie Française, menacée de fermeture, est reprise par Olivier Remoissonnet, alors salarié.
"La délocalisation, c'est un sens économique, mais il y a un sens patriotique, écocitoyen et d'entretien du savoir-faire à relocaliser et à maintenir du savoir-faire en France, explique le directeur général, on nous disait à l'époque qu'une brosse à dents fabriquée en France, c'était impossible, aujourd'hui j'aurais tendance à dire qu'on ne savait pas que c'était impossible, donc on l'a fait !"
Produire français, une démarche dans l'air du temps et vertueuse pour l'environnement. L'entreprise ne compte pas s'arrêter là : les brosses à dents usagées pourront être valorisées. Une fois broyées, elles pourraient servir à la conception de mobilier urbain. Encore au stade de projet, des bancs ou encore des chaises à base de brosses à dents recyclées pourraient voir le jour dans les prochaines années.