Dans l'Oise, les avocats de Compiègne, Senlis et Beauvais sont descendus dans la rue, lundi 10 décembre. Dans chacune de ces villes, ils sont une dizaine à bloquer les tribunaux contre la réforme de la carte judiciaire France, actuellement en débat au Parlement.
Dans l'Oise, les robes noires se sont jointes à la colère des Gilets jaunes, lundi 10 décembre. Les tribunaux de Beauvais, Senlis et Compiègne ont été bloqués dès 9 heures par des dizaines d'avocats du barreau du département.
C'est la première fois de son histoire que le tribunal de grande instance de Compiègne est occupé de la sorte. La réforme de la Justice en cours de vote à l'Assemblée nationale pourrait bien le menacer de fermeture. "On se bat pour la notion de spécialisation qui va être mise en place en 2019. À tout moment, le gouvernement va pouvoir dire, par décret « eh bien voilà, je transfère des blocs de compétence sur Beauvais ou à Senlis, et à Compiègne il reste zéro contentieux, »" explique Me Gwenaëlle Vautrin, bâtonnière du barreau de Compiègne.
Les avocats qui bloquent le tribunal de grande instance #beauvais .. pic.twitter.com/8ZqSAfqk4b
— Dofandcat ? (@AudreyRouland) 10 décembre 2018
La refonte de la carte judiciaire représente la principale pierre d'achoppement avec les avocats, mais aussi la fusion des tribunaux d'instance et de grande instance. Pour les justiciables, c'est surtout la fin d'un service de proximité. "[Ils] ne vont plus pouvoir se rendre au tribunal pour tout simplement obtenir l'organisation de leurs droits à l'égard de leurs enfants, une pension alimentaire, des mesures de protection pour une personne âgée, le paiement d'un loyer, des délais parce qu'ils ne sont pas en mesure de régler un crédit, énumère Me Claire Soulé. Pour toutes ces dispositions, il va falloir que les gens fassent des dizaines et des dizaines de kilomètres."
Une Justice hors de portée
Selon ces avocats mobilisés, ces contraintes - davantage de distance à parcourir, des démarches alourdies et des délais rallongés - pourraient amener le citoyen à s'éloigner de la Justice. "Là, on pense que ça va vraiment s'aggraver, notamment si le conseil de prud'hommes ferme. Aujourd'hui, et on le voit bien avec le mouvement des Gilets jaunes, ce tribunal joue un rôle essentiel dans le monde social. Si les gens ne peuvent plus venir faire traiter leurs problèmes de justice sociale et de droit du travail, ça ne va pas dans le bon sens," juge Hervé Grosjean, président du conseil de prud'hommes.Le blocage du tribunal est finalement levé peu avant midi. Mais les 17 barreaux des Hauts-de-France prévoient de se réunir à Lille mercredi 12 décembre pour manifester devant la préfecture de région.