Coronavirus - Le confinement à l'origine d'un projet photo dans un village de l'Oise

Un habitant d'Ercuis dans l'Oise propose depuis un mois aux Ercuisiens et aux Ercuisiennes de les photographier chez eux depuis la rue pour respecter le confinement. Un projet destiné à créer du lien social et qui pourrait se conclure par une exposition.
 

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"Ce matin, je suis allé voir un couple qui habite la commune depuis 1974. Ils m'ont raconté la vie d'avant. Un autre couple m'a parlé de l'ancienne orfèvrerie, dans laquelle ils vivent". Les balades photographiques de Dominique Cherprenet sont autant d'occasions de connaître les habitants, de tisser des liens.

Décidé à occuper intelligemment son temps pendant le confinement, ce photographe amateur, installé à Ercuis depuis trois ans, a décidé fin mars de fixer en noir et blanc un témoignage de cette période inédite. En quatre semaines, il a déjà réalisé cinquante-cinq clichés de personnes seules, de familles ou de collègues de travail.

Comme Dominique n'est pas photographe professionnel, il ne peut profiter que de son heure de répit permise par la case "Déplacements brefs, dans la limite d'une heure quotidienne et dans un rayon maximal d'un kilomètre autour du domicile" sur l'attestion de déplacement dérogatoire : "j'ai de la chance que la commune soit petite, le kilomètre autour de chez moi couvre tout Ercuis !"

Et il respecte scrupuleusement les désormais bien connues mesures barrières en ne passant jamais le muret, la clôture ou la grille des domiciles. "Parfois, on me propose de rentrer prendre un café, mais je refuse !"

Josiane, Célia, Sakara et les autres

Les photographies sont publiées sur une page Facebook intitulée Ercuis Confinement 19 "témoignage photographique" et sur le site de Dominique Cherprenet. On y découvre Josiane, Célia, Domingos ou encore Sakara. Maurice aussi, un homme âgé au regard doux assis sur les marches devant sa maison. Un modèle rencontré au hasard de la déambulation : "je revenais d'un shoot et je le vois dans son jardin. Je lui explique le projet, mais lui me dit que je n'allais pas prendre en photo un vieux singe ! Alors je lui réponds qu'il est beau. Au bout d'un moment, je lui dis que je ne peux pas partir sans faire la photo. Finalement, il accepte".

Une décision judicieuse, si l'on en croit les nombreux commentaires enthousiastes sur Facebook. Mais le retour le plus émouvant est venu de la petite-fille de Maurice : "elle m'a remercié et m'a dit qu'elle le trouvait très beau. Je lui enverrai la photo dans un meilleur format".
 
 

La force du bouche-à-oreille

Les débuts n'ont pourtant pas été évidents, d'autant que Dominique, ingénieur du son, passait jusque-là la majeure partie de son temps en tournée loin d'Ercuis et ne connaissait personne : "C'est parti doucement. J'ai essayé le porte-à-porte, mais ce n'était pas la bonne approche. Le seul support de communication disponible était un groupe privé d'habitants du village sur Facebook, sur lequel j'ai publié une annonce". La méthode fonctionne. Les premiers habitants photographiés incitent leurs voisins à participer.

Des voisins qui, le plus souvent, se croisent plus qu'ils ne se rencontrent dans cette commune sans commerces aux portes de l'Ile-de-France. Les photos permettent donc de "rapprocher les gens", comme l'explique Valérie Cabrières, assistante de direction en Seine-Saint-Denis, dont les filles ne sont plus scolarisées dans village. "Il y a des gens que je n'avais jamais vus et d'autres que je n'avais pas rencontrés depuis longtemps. J'espère que cet élan vers les autres perdurera". Elle a choisi d'immortaliser ce printemps 2020 si particulier en compagnie de sa famille devant la façade végétalisée de sa maison.

Parmi les photos qui s'affichent sur la page Facebook, il y a celle de Sophie Bakar. C'est avec ses trois enfants, Loubna, Yanis et Illyes, qu'elle a choisi d'apparaître face à l'objectif de Dominique : "le confinement, je ne le vis pas seule. C'était important qu'ils soient sur la photo". De modèle, Sophie est finalement devenue assistante : "je l'aide maintenant. Et il peut y avoir une suite, c'est pourquoi je me suis impliquée dans le projet".
 
 

Vers une exposition dans les rues

Cette suite, c'est une exposition. "Je me suis très vite dit que ce serait la bonne occasion pour se retrouver après. J'ai même réfléchi à comment l'organiser", confie Dominique. Et plutôt qu'une petite exposition dans la mairie, le photographe voit grand : "on pourrait faire des tirages d'un mètre sur deux sur toile et on les installerait dans les rues comme un parcours photographique. Je vais tout faire pour y arriver !"

En septembre, Dominique Cherprenet retrouvera ses tables de mixage pour la reprise de la tournée d'Alain Souchon, interrompue par l'épidémie de coronavirus. D'ici là, celui qui "espère qu'il en restera un peu plus de bienveillance et d'humanité", pourra compter sur le soutien grandissant des Ecruisiens : "maintenant, les gens me klaxonnent et me disent "on est avec toi !".
 
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