Dix ans après Charlie Hebdo : "Nous étions tous unis face à l’obscurantisme", un photographe ravive la mémoire des hommages de 2015

À l’occasion de la commémoration des 10 ans des attentats de Charlie Hebdo, Ulrich Lebeuf a photographié plus de 400 mots et objets déposés en hommage aux victimes sur le parvis de la place du Capitole à Toulouse en 2015. Tous ont été précieusement conservés dans les archives de la ville depuis les attaques.

"Il y avait une nécessité de s'exprimer à l'époque. Nous avons un peu oublié cela en dix ans". Le photographe Ulrich Lebeuf rend hommage à sa manière aux victimes du terrorisme islamiste le 7 janvier 2015 dans les locaux du journal Charlie Hebdo à Paris.

Il s'est plongé dans les archives de Toulouse pour immortaliser, dix ans après, les objets, pancartes et autres dessins déposés sur le parvis de la place du Capitole lors des nombreux rassemblements qui ont suivi les attentats.

La ville de Toulouse a soigneusement conservé plus de 400 objets de l'époque dans ses archives et les a mis à disposition du photographe. Parmi ces précieuses archives, une majorité de pancartes "Je suis Charlie" mais aussi des mots, des vêtements et des dessins d'enfants.

"Je veux conserver ces traces de la mémoire nationale, celles d'un rassemblement citoyen contre l'obscurantisme. À travers ce drame, il y a quelque chose d'humain à faire ressortir", souffle le photographe. 

Un souvenir douloureux

Le 7 janvier 2015, jour des attaques, Ulrich Lebeuf était présent dans le rassemblement toulousain place du Capitole. "J'avais beaucoup de mal à photographier car j'étais pris par l'émotion. C'était un moment de rassemblement avec beaucoup d'affection au milieu du chaos", se souvient le photographe, qui prend tout de même différents clichés à l'époque dont celui qui fera la Une du journal Le Monde le lendemain des attaques perpétrées par les frères Kouachi.

En marge de ce rassemblement et des nombreux autres qui ont suivi les attentats, les Toulousains ont déposé toute sorte d'objets sur le parvis de la place en hommage aux victimes. Certains parfaitement soignés et d'autres écrits expéditivement. "Il y avait même des mots notés sur des tickets de métro. La population avait besoin de parler, d’exprimer sa douleur, son désarroi et sa colère parfois", témoigne Ulrich Lebeuf.

Un travail de mémoire  

Les clichés d’Ulrich Lebeuf ont tous en arrière-plan un fond de couleur. Un choix réfléchi par le photographe. "Je ne voulais pas de fond noir car ce moment de rassemblement citoyen est plein d’espoir. Il y a quelque chose de positif à ressortir", explique-t-il. 

Avec ses clichés, le photographe cherche à réaliser un travail de mémoire. "C’est important de ressortir ces documents dix ans après, quand il est plus difficile de dire « Je suis Charlie ». Je veux rappeler avec ce travail que nous étions tous unis face à l’obscurantisme. La définition de Charlie, c’est la liberté d’expression tout simplement", pointe le photographe.

Une exposition de textes et de dessins datant de 2015

Si l'entièreté des photos d'Ulrich Lebeuf ne sera pas visible pour le grand public, 420 textes et dessins déposés en 2015 place du Capitole seront eux exposés sur le parvis de la gare Matabiau à partir du 13 janvier et jusqu'au 10 février.