Coronavirus : l'ex-commandant de la base aérienne 110 de Creil auditionné au Sénat

À la tête de la base aérienne de Creil au début de la crise sanitaire du coronavirus, le colonel Bruno Cunat a répondu aux questions de la commission d'enquête sénatoriale, ce mercredi 9 septembre. Pendant une heure, il a détaillé sa gestion de la pandémie sur le site militaire.

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L'enquête sur la gestion de la crise du coronavirus se poursuit au Sénat. Fin juillet, les différents acteurs de la santé de l'Oise avaient été appelés à témoigner au palais du Luxembourg. Mercredi 9 septembre, c'était au tour du colonel Bruno Cunat, commandant de la base aérienne 110 de Creil jusqu'en août 2020, de revenir sur la pandémie qui a profondément touché le département.
 

 

Deuxième cluster de l'Oise

Car c'est sur cette base, qui regroupe environ 2500 personnels civils et militaires, que s'était déclaré le deuxième cluster de l'Oise, au sein du Groupement de soutien de la base de défense (GSBdD). Dans la nuit du 25 au 26 février, un premier cas était rapporté au CHU d'Amiens, suivi, quelques jours plus tard, de 13 nouveaux malades dans la même unité.

"Je tiens à souligner que le cluster au sein du GSBdD a été stabilisé dès le 3 mars, défend Bruno Cunat, soit six jours après l'apparition du premier cas, puis asséché en une quinzaine de jours, ce qui est un succès très significatif." Un succès dû, pour l'ancien commandant, à l'arrivée rapide des spécialistes du service de santé des armées (SSA) et à un protocole précis appliqué rigoureusement.

"Pour ma part, c'est la période du 31 janvier au 26 février qui m'intéresse, pointe Olivier Paccaud, sénateur de l'Oise. Je dois vous dire que beaucoup d'habitants ou d'élus de l'Oise sont devant leur écran, parce qu'ils se posent beaucoup de questions." Au premier rang desquelles : est-ce la base militaire qui est à l'origine du cluster de Crépy-en-Valois, ou l'inverse ?
 

Militaires non testés

Le 31 janvier dernier, un avion militaire est chargé du rapatriement de 180 ressortissants français en provenance de Wuhan (Chine), foyer mondial de l'épidémie. Pour les accompagner : 14 militaires de l'unité Esterel basée à Creil. Les passagers sont débarqués à Istres, où il prendront la direction d'un centre de vacances à Carry-le-Rouet, dans les Bouches-du-Rhône, pour y séjourner en quatorzaine, mais pas les militaires.

"Mes personnels navigants ont eu pour consigne de prendre leur température deux fois par jour pendant 14 jours et sont repartis chez eux, confirme Bruno Cunat. Ils n'ont pas été testés." Ceux parmi eux qui logeaient directement sur la base ont été placés en chambre individuelle et prenaient leurs repas dans une salle dédiée. "Je ne peux pas vous le garantir, mais c'est la consigne qui a été donnée", reconnaît l'ex-commandant.

Une procédure lacunaire, pour Olivier Paccaud, qui s'interroge sur l'absence de contrôle des allées et venues des militaires. "L'avion s'est posé à Wuhan, mais les personnels ne sont pas sortis, justifie Bruno Cunat. Les ressortissants ont été installés dans une zone de l'avion à distance de sécurité des experts présents à bord et du personnel navigant."
 

C'est ce qui a fait dire au SSA que nos personnels navigants n'étaient pas à risque, puisqu'ils étaient équipés, à distance de sécurité de personnes qui n'étaient pas symptomatiques et qui ont été testées négatives deux fois.

Bruno Cunat

 

Intervention dans un lycée de Crépy-en-Valois

Restait à la commission sénatoriale un dernier point à examiner : à Crépy-en-Valois, 21 cas ont été détectés au lycée Jean-Monnet. Lycée dans lequel huit matelots du Bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Somme sont intervenus les 5 et 6 février, séjournant à la base aérienne de Creil. "Il est stupéfiant que cela ne figure en aucun cas dans le document émanant de l'ARS", souligne le sénateur de l'Oise.

"Ils n'ont pas eu de contacts directs avec les personnels initiaux du cluster du GSPdD puisqu'ils étaient en chambre, explique Bruno Cunat. Ils sont ensuite partis directement à Crépy et n'ont fait qu'un aller-retour sur la base pour la nuit."

Quant à l'éventualité d'une contamination de la base militaire vers Crépy-en-Valois, le colonel s'en défend fermement. "Les premiers symptômes des malades de Crépy sont apparus entre le 14 janvier et le 1er février, donc avant le vol de Wuhan." Un constat qui plaide, selon lui, pour une contamination depuis Crépy-en-Valois vers la base.
 
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