Ce mercredi 25 octobre, Rédoine Faïd a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle dans le cadre de son procès, pour son évasion en hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne), en 2018. Le verdict a été précédé de sept semaines d’audience, depuis début septembre, devant la cour d’assises de Paris.
14 ans de réclusion criminelle ont été prononcés à l'encontre de Rédoine Faïd, le braqueur multirécidiviste de Creil (Oise), pour son évasion en hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne), le 1er juillet 2018. Le verdict a été annoncé ce mercredi 25 octobre 2023 par la cour d’assises de Paris, après les délibérations, qui se sont tenues dans un lieu secret, depuis lundi 23 octobre.
Les magistrats professionnels et les jurés ont dû répondre à 194 questions sur la culpabilité et responsabilité de chacun des 12 accusés, dont deux frères et trois neveux du braqueur multirécidiviste, âgé de 51 ans.
L'accusation avait requis 22 ans de réclusion criminelle à son encontre, le 17 octobre 2023. Une peine faite "pour les assassins", avait alors répondu sa défense.
"Quatorze ans de réclusion criminelle dans les conditions qui sont les siennes, c'est le double"
Marie Violleau, avocate de Rédoine FaïdFrance Info
Invitée jeudi 26 octobre de la matinale de France Info, Me Marie Violleau, avocate de Rédoine Faïd a considéré que son client était détenu "dans des conditions qui sont indignes", avant de préciser : "Il est seul en cellule, il est coupé de ses proches, il a un parloir avec un hygiaphone, un plexiglas qui l'empêche de toucher n'importe quel être humain depuis cinq ans. Il a ses conversations écoutées en permanence, il est surveillé toutes les heures. Il a des fouilles corporelles, des fouilles de cellule extrêmement régulières".
Un exposé des faits aux airs "de master class" selon l'accusation
Lors de l'audience, il a raconté pendant de longues heures l'organisation de son évasion. Un exposé aux airs "de master class" selon l'accusation. Il a raconté l'organisation minutieuse d'un plan construit autour d'une "faille irrationnelle" : l'absence de filins antiaériens à côté des parloirs de la prison de Réau (Seine-et-Marne). Ils ont depuis été installés.
Pour rappel, dans la matinée du 1er juillet 2018, un hélicoptère manœuvré par un pilote pris en otage, s'est posé devant les parloirs où se trouvait Rédoine Faïd avec l'un de ses frères. En "7 minutes 33", un commando a extrait le braqueur, avant de s'envoler. La cavale du roi de la belle prendra fin le 3 octobre 2018, interpellé dans un appartement situé au 4e étage d'un immeuble de la cité Guynemer de Creil.
Ses frères et ses neveux condamnés
Lors du procès, Rédoine Faïd a soutenu que l'évasion avait été organisée en grande partie par des "professionnels" et non ses proches. Une histoire "inventée" par le braqueur pour "dédouaner" sa famille, a rétorqué l'accusation, qui estime que le "cœur du dossier", c'est le "sacrifice familial".
Contre son frère Rachid, 65 ans, qui a reconnu être monté dans un hélicoptère puis avoir scié les grilles menant à Rédoine Faïd, les avocats généraux avaient demandé la peine de 18 ans de réclusion. Plus qu'un "petit papy serviable" il est "l'homme ressource" de Rédoine Faïd, avaient-ils asséné. La cour l'a finalement condamné à 10 ans de prison.
Un troisième frère Faïd, Brahim, 63 ans, qui se trouvait au parloir avec Rédoine au moment de l'évasion, avait juré pendant ce procès de sept semaines qu'il n'avait pas été mis au courant du projet. Les avocats généraux l'ont cru et demandé son acquittement. Pas la cour, qui l'a condamné à un an de prison avec sursis.
Quant aux neveux, dont l'un était à bord de l'hélicoptère, selon l'accusation, ils ont "tous, à leur niveau", été "indispensables". Des peines de deux, six et huit ans de prison ont été prononcées à leur encontre.
Pas de condamnation pour le détournement de l'hélicoptère
Seul point d'accord entre l'accusation et la cour, le cas d'Alima A., la "logeuse" et amie d'un des neveux, chez qui le braqueur s'était imposé à la fin de sa cavale. La cour a décidé de lui faire bénéficier de l'irresponsabilité pénale et retenu la "contrainte morale". Elle a été acquittée.
Autre acquittement inattendu, celui de tous les accusés concernés, Rédoine Faïd compris, pour le "détournement de l'aéronef". Il ne pouvait pas être caractérisé, car il n'y avait que le pilote à bord, et pas de passagers, a indiqué la présidente.
Dans ses derniers mots à la cour lundi, le braqueur a de nouveau présenté ses excuses auprès du pilote, et de ses proches embarqués dans cette "soif de liberté", dit-il. Il a par ailleurs promis de tenter son possible pour ne pas "recommencer".
Avec AFP