Une centrale photovoltaïque de 350 000 panneaux solaires mise en service fin 2025 sur la base aérienne de Creil

Fin 2025, la base aérienne 110 de Creil accueillera l'une des plus grandes fermes photovoltaïques de France. En termes de superficie mais aussi de volume d'électricité solaire produite. Un projet initié en 2019 et dont les travaux commencent à peine.

Ce sera la plus grande centrale photovoltaïque des Hauts-de-France et l'une des plus importantes d'Europe. Dans 2 ans, la ferme de panneaux solaires installée sur la base aérienne de Creil dans l'Oise entrera entièrement en service. Près de 6 ans après le lancement du projet.

La piste de la base aérienne de Creil étant inactive depuis 2016, plusieurs reconversions avaient depuis été envisagées : la récupérer pour un club d'aviation civile, y construire des logements ou encore y accueillir un centre de recherche sur le renseignement militaire.

Un programme national de développement du solaire

En juin 2018, le ministère des Armées s'associe au ministère de la Transition écologique et lance le programme "Place au soleil" pour développer l'énergie solaire.

Au total, 1 250 hectares sont identifiés par l'armée et réservés pour accueillir du photovoltaïque. Parmi ces surfaces inexploitées, 253 hectares autour de la piste d'atterrissage de la BA 110 à Creil.

Après un appel à manifestation d'intérêt (AMI), c'est la société Photosol, basée dans le sud-ouest et spécialisée dans l'implantation et l'exploitation de centrales photovoltaïques, qui remporte le projet.

Elle propose alors d'installer plus 550 000 panneaux solaires sur le site creillois pour produire annuellement entre 240 et 250 mégawatts crête (MGc).

On a travaillé avec le Conservatoire des espaces naturels autant que possible sur la définition de ce projet. Et il a fallu le retravailler.

Guillaume Pinus, coordinateur du projet chez Photosol

Mais suite aux études environnementales menées en 2020 et 2021 et à toute la phase de concentration avec les associations et avec les parties prenantes, Photosol a décidé de réduire la puissance du projet pour préserver la biodiversité. "Il y a différentes espèces de faune et de flore qui ont été découvertes lors des études d’impact, explique Guillaume Pinus, coordinateur du projet chez Photosol. Le Conservatoire des espaces naturels des Hauts-de-France avait déjà fait des relevés avant qu’on arrive sur le site. On s’est appuyé sur ses travaux et on a travaillé avec le CEN autant que possible sur la définition de ce projet. Et ça nous a demandé de le retravailler."

Le site est en effet composé de prairies et de pelouses calcicoles "de très grand intérêt écologique" détaille le CEN. On y trouve 48 espèces de plantes d’intérêt patrimonial, comme le fraisier vert ou la Gesse de Nissole. C’est également un site majeur pour les oiseaux et notamment pour la nidification du Pipit farlouse."

Les installations photovoltaïques seront dès lors prioritairement implantées sur des surfaces déjà imperméabilisées et à peu d’enjeux écologiques. 100 hectares n’accueilleront donc aucun panneau solaire et 46 % du site restera en zone à caractère naturel, indique l'enquête publique.

"C’est sur ce schéma-là qu’on a revu l’installation et que la puissance a été abaissée à 200 mégawatts crête (MGc) avec environ 350 000 panneaux qui vont être installés sur le site, confirme Guillaume Pinus. La production annuelle est aujourd’hui de 188 gigawatts heure. 200 MGc, c’est l’équivalent de la consommation d’environ 85 000 habitants selon les chiffres que nous a donnés l’ADEME."

L'électricité produite devrait alimenter le parc technologique Alata voisin et le du hameau du Plessis- Pommeraye, tous deux voisins de la base aérienne.

Un loyer de 68 millions d'euros sur 30 ans

Coût du projet : 130 millions. Photosol a obtenu une autorisation d'occupation du domaine public pour 30 ans. En échange, la société devra payer une redevance de 68 millions à l'État, sous forme de "loyer annuel", traduit Guillaume Pinus.

Photosol se rémunérera en vendant l'électricité produite par les panneaux solaires selon un mécanisme précis. "L'État nous offre un soutien pour produire de l'énergie renouvelable, précise Guillaume Pinus. Ce soutien se matérialise par une garantie de prix sur 20 ans : on répond à un appel d’offres de la Commission de Régulation de l’Energie. Le critère principal pour être sélectionné, c’est le prix auquel on propose notre électricité. Si on est sélectionné, ce prix est garanti par l’État sur 20 ans. Une fois qu’on a ce prix garanti, on revend notre électricité sur les marchés. Si on vend moins cher que le prix garanti, l’État nous verse la différence. Si on vend plus cher que le prix garanti, on redonne la différence à l’État."

La centrale photovoltaïque de la BA 110 de Creil sera opérationnelle par tranches. La première tranche de mise en service est prévue en juin 2024, "pour 9 MGc", précise Julien Decarnelle, chef du projet chez Enedis.

C’est un projet qui va nous occuper entre 3 et 5 ans.

Julien Decarnelle, chef du projet chez Enedis Picardie

Car l'électricité solaire produite par Photosol à Creil sera distribuée par le réseau Enedis. Et un tel projet ne se résume pas à installer des panneaux solaires. Il faut prévoir également les postes de transformation pour conduire l'énergie vers le réseau de distribution.

Et c'est Enedis qui se chargera de cette étape. "On a en charge le raccordement des points de livraisons du projet. Il y en aura 11, dénombre Julien Decarnelle. Ça englobe le passage des câbles haute tension depuis nos postes sources jusqu’aux points de livraison du client. Il y a une partie d’installation, mais il y a une grosse partie qui se reprend sur le réseau déjà existant parce qu’on est sur une zone assez urbanisée sur laquelle Enedis a déjà beaucoup de réseaux de distribution. La moitié de la puissance du site sera reprise sur du réseau existant. Donc en posant très peu de câbles, ce qui limite l’impact environnemental du projet." La centrale photovoltaïque de la BA 110 de Creil est l'un des plus gros projets en France en matière d'énergie solaire pour Enedis. "C’est un projet qui va nous occuper entre 3 et 5 ans", conclut Julien Decarnelle.

Dépollution pyrotechnique et mémoire historique

Si Photosol a obtenu le permis de construire et les autorisations administratives cet été, les travaux d'implantation n'ont pas pour autant encore commencé. Le site a en effet une spécificité qui ajoute une contrainte : "on nous a donné un site qui a été fortement bombardé. Et nous, on se doit de faire une dépollution pyrotechnique avant de mettre en œuvre la centrale photovoltaïque", explique Guillaume Pinus de Photosol. Pour le moment, aucune munition n'a été découverte dans le sol, mais cette phase préalable prendra encore plusieurs mois.

À la demande des Architectes des Bâtiments de France (ABF), Photosol devra également prendre soin de réhabiliter certains bâtiments présents dans le périmètre d'installation. Car les lieux ne sont pas vierges de vestiges de l'activité militaire de la BA 110.

Sont encore existants l’ancien dépôt d’armement et de munitions spécifiques, le dépôt principal de munitions, les antennes servant à la radionavigation aérienne, l'ancienne soute à carburant (qui occupe une superficie de 11 000 m² qui comprend une dizaine de cuves enterrées), l’ancienne décharge pour le tout-venant (un endroit fortement pollué notamment avec la présence de métaux lourds et en partie végétalisée aujourd’hui) ainsi que l’aire à feux qui servait de zone d’entraînement pour les pompiers et où des traces d’hydrocarbures ont été constatées.

Certains seront détruits, d'autres conservés. "On a décidé conjointement avec les Architectes des bâtiments de France, le service patrimoine du parc naturel régional et avec le ministère des Armées de conserver des bâtiments qui nous semblent représenter la mémoire historique du site sur lesquels il y aura un accompagnement sur la durée du projet pour permettre de les valoriser", selon Guillaume Pinus. Il s'agit de plusieurs bunkers uniques en France d'un point de vue architectural et un atelier spécialisé dans lequel étaient assemblées différentes pièces de la bombe nucléaire avant d’être installée sur les avions de chasse au moment où le site était encore en activité dans les années 80.

Selon l'ADEME, le projet va générer la création de 430 emplois durant la phase du chantier. Une trentaine sera pérennisée pour l'exploitation du site. Dans les deux cas, Photosol s'est engagé auprès du conseil régional et des collectivités locales de privilégier les entreprises du secteur.

La centrale photovoltaïque de la base aérienne de Creil sera totalement opérationnelle fin 2025, début 2026.

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