Déconfinement - "La première chose que je ferai, c'est un tour en voiture avec mes copines" : paroles d'ados dans l'Oise

À leur age, ils rêvent de bons moments entre copains et les voilà coincés entre 4 murs, en famille. Malgré les réseaux sociaux, les jeux vidéo et les séries TV, les ado tournent en rond. Le déconfinement sonne comme une délivrance. Témoignages à Pont l'Evêque dans l'Oise.
 

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Dans ce quartier populaire de Pont-l'Evêque dans l'Oise, plus facile de trouver un chat qu'un adolescent. Confinement oblige, le silence règne là où d'ordinaire, ils sont plusieurs à faire bruyamment du vélo ou à jouer au foot sur la pelouse qui entoure les logements sociaux à un étage.
 


Décrocheuse

C'est calme depuis deux mois. Et c'est difficile pour Karina.  À 14 ans, cette lycéenne en 1ère ST2S est accoudée à la rambarde du balcon de sa chambre, son téléphone à la main : "j'essaie de capter le wifi pour faire mes devoirs. Je n'ai pas d'ordinateur. Que mon téléphone. J'ai un peu de mal, mais j'essaie de suivre. Je suis une décrocheuse. J'ai prévenu la plupart de mes profs que j'ai décroché les cours. Certains le comprennent. Les autres me disent de suivre comme je peux", explique-t-elle, fataliste. L'ennui et la télé rythment les journées.
 

Une fois qu'on a fait le ménage, on n'a plus rien à faire, la maman de Karina


Pas facile pour une ado qui "a du caractère", selon sa mère, et qui vit à l'internat toute la semaine de se retrouver entre quatre murs avec sa famille. L'interdiction de sortir est un calvaire pour la jeune fille qui n'aime rien moins que d'être dehors avec ses copines dès qu'elle revient chez elle le week-end : "rester à la maison, c'est un peu chiant. Être à la maison tout le temps, ça fait bizarre. Mais je passe plus de temps avec ma mère : avant je ne faisais jamais de jeu de société avec elle, maintenant j'y joue à peu près tous les jours."
 

Le skate ou le vélo pour faire passer le temps

Le seul espace de liberté, Karina le trouve sur son skate board. Le confinement a été pour elle l'occasion de le ressortir. Une heure par jour, elle monte sur sa planche : "je m'amuse et j'oublie le confinement, raconte-t-elle dans un sourire. Ça fait un peu d'air, un peu d'activité physique !".

Elle n'est pas la seule à s'amuser dans les allées qui longent les petites maisons de briques rouges. Sous les fresques de street art, des cris, des rires, des voix d'enfants. Ils sont quelques uns dehors à se dépenser un peu. Adossé à un mur, Valentin regarde les plus jeunes faire une course sur leur vélo. Le jeune homme est en première pro menuiserie. Lui, son truc pour évacuer toute la tension et l'ennui, c'est aussi le vélo : "je bouge au moins une heure par jour. Le plus dur, c'est le temps..."

On tourne un peu en rond parce qu'on ne sait pas quoi faire, Tiphaine, 17 ans.


À quelques portes de là, vit Tiphaine, la meilleure amie de Karina. Pour Tiphaine aussi, le confinement n'est pas une période facile. Lycéenne en 1ère STMG, elle avoue regarder "beaucoup la télé ! Plusieurs heures en général, le temps d'une série. Ça aide à faire passer le temps et on s'ennuie beaucoup moins quand on regarde des séries. Moi, j'ai l'habitude de sortir donc c'est dur. On tourne un peu en rond parce qu'on ne sait pas quoi faire. Puis ça repart, on a une idée pour s'occuper."


La difficulté des relations familiales

Les cours, elle n'en parle pas. Tiphaine veut être tatoueuse plus tard. Ces deux mois à la maison, elle a peaufiné sa technique de dessin et son style. Mais pas seulement : "ça m'a permis de travailler sur mon caractère qui est...très dur : c'était compliqué de devoir rester à la maison et de me poser, hésite la jeune fille aux cheveux mauve et gris. Dans l'ensemble, ça s'est bien passé même si parfois, il y avait des moments tendus."
 

On perd facilement la notion du temps, Romain, 20 ans.


À l'étage, son frère Romain, 20 ans. Il est étudiant en illustration graphique et gamer assidu. Depuis le confinement, il a très peu quitté sa chambre et beaucoup joué en ligne : "ça joue plus que ça ne bosse !! Parfois je commence une partie en ligne en milieu d'après-midi avec des amis et rapidement, on se retrouve en milieu de nuit. Quand on fait quelque chose qui nous plaît, on perd facilement la notion du temps mais encore plus en mode confinement parce qu'on n'a pas d'obligations : on se lève un peu quand on veut. Mais en général, je me lève vers 9h30"
 

"Le fast food, direct !"

Les rideaux à moitié tirés, devant ses deux écrans, Romain avoue être passablement content de la situation : "ça ne me dérange pas de rester enfermer. C'est ce que je fais en temps normal à part pour aller en cours, aller travailler ou voir des amis. Sinon je reste enfermé volontiers."

Pour tous ces adolescents, le confinement aura été une épreuve, notamment sociale. Karina en voit arriver la fin avec soulagement, "c'est bientôt terminé ! Enfin !" La première chose qu'elle fera lorsqu'elle sera un peu plus libre de ses mouvements, "c'est d'aller faire un tour en voiture avec mes copines ! Et aller au Mac Do !" Même cri du cœur qui fuse pour Tiphaine et Valentin. "Avec mes potes mais direct !!", ajoute le jeune homme avec un enthousiasme débordant et un rire sonore. Romain, lui, réfléchit quelques secondes avant de répondre : "la première chose que je vais faire à la fin du confinement ? Essayer de voir si je peux repasser mon permis. Et aussi aller voir des amis."
 
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