"Le stade est fini à 85 %, on ne va pas le démolir" : les salariés du FC Chambly en colère après l'arrêt des travaux

Les travaux du nouveau stade du FC Chambly, dans l'Oise, sont à l'arrêt depuis le 30 avril. Saisi par l’association d’aménagement de la vallée de l’Esches, le tribunal judiciaire de Senlis a ordonné la suspension du chantier. Les salariés du club dénoncent "un acharnement".

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C'est un nouveau rebondissement. Depuis le 30 avril et la décision du tribunal judiciaire de Senlis, le chantier du stade Walter Luzi à Chambly est suspendu, contredisant ainsi l'autorisation délivrée par la préfecture plus tôt dans le même mois. L'association pour l’aménagement de la vallée de l’Esches, qui s'oppose à ce projet en zone humide, avait saisi le tribunal.

"Nous l'avons appris juste avant le match face au Havre. Ça nous a mis un coup derrière la tête. C'est un ras-le-bol général, on n'a pas besoin de ça en ce moment", réagit Maxime Malovry, chargé de communication du club. Actuellement 19e à deux journées de la fin du championnat, le FCCO se bat pour le maintien après une saison compliquée. "Entre le Covid, les erreurs d'arbitrage, les blessures de nos meilleurs joueurs et là, le stade, ça fait beaucoup", détaille le salarié.

Depuis 2019 et la montée en Ligue 2, les joueurs du FC Chambly Oise jouent au stade Pierre-Brisson de Beauvais, n'ayant pas d'enceinte homologuée pour le niveau professionnel. Le nouvel écrin du club comptera trois tribunes et un total de 4500 places. Mais le chantier a été mis plusieurs fois à l'arrêt après les différents recours de l'association pour l'aménagement de la vallée de l'Esches. Elle estime que le projet ne respecte pas la législation en terme d’urbanisme et d’environnement. 

Dans une lettre ouverte adressée à Alain Perrein et Vincent Abot, le président et le vice-président de l'association, les salariés ne mâchent pas leurs mots. "En colère", ils dénoncent un "acharnement envers la ville de Chambly et indirectement envers [le] club". Ils abordent aussi la situation financière du FCCO : "Le pays traverse une crise financière et sanitaire sans précédent et notre club fera partie des rares clubs professionnels à se sortir financièrement de cette situation. Sauf, si nous devons encore nous expatrier."

Les emplois "menacés", selon les salariés

"Le stade est fini à 85 %. La tribune principale est quasiment terminée, les vestiaires aussi. Là, on venait de recevoir les sièges pour la tribune nord. Bref, il reste un mois de travaux. On ne va pas démolir le stade, ça n'a aucun sens. C'est même vital pour les emplois", assure Maxime Malovry. Car jouer à Beauvais a un coût : "Avec le loyer, cela représente plusieurs milliers d'euros par soirée. Cette saison en plus sans public, on n'a pas de rentrée d'argent." Dans leur lettre ouverte, les salariés sont sans équivoque : "Nos emplois sont menacés par votre acharnement".

Un acharnement que réfute Alain Perrein, le président de l'association pour l'aménagement de la vallée de l'Esches : "Je n'ai rien contre le club. Je comprends que les salariés soient dépités mais il ne faut pas se tromper de cible. C'est le maire qui a mal géré le dossier. La municipalité a eu le choix entre un stade à côté de la gare, un près de la piscine ou un à l'emplacement historique. Ils ont choisi le dernier mais c'était un mauvais choix.

L'association réclame une étude environnementale

Depuis trois ans, Alain Perrein et son association dénoncent les travaux engagés : "La vallée est une zone humide référencée par l’État. Depuis le début, on dit qu'il faut une évaluation environnementale. Cela permet de définir toutes les fonctions naturelles d'une zone humide : la fonction carbone, la fonction hydraulique, la biodiversité… Là, ils sont en infraction." Le retraité se félicite donc de la décision du tribunal judiciaire de Senlis : "Nous avons multiplié les recours. Nous sommes allés quatre fois au tribunal administratif, deux fois au Conseil d’État et nous avons trois fois assigné en référé. Au final, on nous a donné raison."

Le vice-président de l'association, Vincent Abot, également destinataire du courrier des salariés, a, lui, contacté directement le club pour s'exprimer sur le sujet. Sa réponse est publiée ce jeudi 6 mai sur les réseaux sociaux : "Je ne suis pas décisionnaire de la procédure récemment engagée devant le tribunal de Senlis. Je trouve déplorable les conséquences négatives de cette procédure sur la trajectoire du FC. J'espère que l'on pourra trouver dans l'avenir la possibilité de mener des actions de sensibilisation à l'environnement."

La ville va faire appel

De son côté, la municipalité a réagi par communiqué. Elle a indiqué qu'elle fera appel de la décision et qu'elle "reste pleinement mobilisée, avec l’ensemble de ses partenaires, pour mener à son terme ce chantier qui répond aux attentes des plus de 600 jeunes licenciés du FC Chambly-Oise ainsi qu’à son équipe première." En attendant, la ville précise que les opérations de sécurisation et retrait du chantier pour les entreprises ont été engagées. 

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