Vols de carburants et de matériels, dégradations des engins… Depuis plusieurs mois, avec la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, ces incivilités augmentent. Un phénomène qui coûte cher aux entreprises du BTP et retarde parfois leurs chantiers. Exemple à Rieux, dans l’Oise.
"Régulièrement, on peut se faire voler des engins, comme ces pilonneuses, d’environ 5 000 euros."
Après chaque vol sur le chantier du doublement de la RD 200 dans l'Oise, Antoine Lambert porte plainte. "Ça arrive presque tous les mois", explique l'ingénieur travaux, au sein de l’entreprise BTP Guintoli.
En plus de la perte matérielle, que les assurances ne remboursent pas toujours, l'entreprise perd du temps.
Des fois, on ne peut pas mettre en route les chantiers, étant donné qu’on n’a plus de carburants dans les engins.
Antoine LambertIngénieur travaux
"Si on se fait voler une chaîne de levage avec des crochets, on ne peut pas décharger le matériel qui est livré par le fournisseur. On doit soit racheter tout de suite du matériel, soit faire en sorte que le livreur décale sa livraison."
S'adapter au quotidien
Sur le chantier de la RD200, long de presque deux kilomètres, les professionnels s'organisent pour limiter les frais.
"On essaie au maximum de laisser ouverts nos engins pour éviter justement que les gens cassent. On retire aussi tout ce qu’il y a dedans : GPS, affaires personnelles…", explique Simon Ruiner, directeur des travaux chez Guintoli.
Pour assurer la sécurité des chantiers, différentes solutions sont mises en place : vigiles les soirs et week-ends, caméras de surveillance… Un coût estimé à plusieurs milliers d'euros.
Ça peut aller jusqu’à 20 000 euros, par mois. Alors vous imaginez bien, sur un an de chantier, on est à des centaines de milliers d’euros !
Simon RuinerDirecteur des travaux - Guintoli
Une explosion des vols et dégradations dans la région
Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’est considérablement amplifié dans les Hauts-de-France.
En témoigne les résultats d’un questionnaire réalisé par la Fédération Régionale des Travaux Publics, auprès de ses adhérents.
"On s‘est aperçus que 80% des entreprises subissent des vols de carburants. 43% subissent des vols de matériels de type batteries, métaux, etc.", rapporte Olivier Lamérant, président de la commission économique.
Tous ces coûts, qui sont énormes pour les entreprises, vont forcément se répercuter dans nos prix et, finalement, être payés par le contribuable et l’usager de la route.
Olivier LamérantPdt de la commission économique de la FRTP des Hauts-de-France
Au-delà des vols, des "dégradations gratuites" sont parfois commises : "Récemment, sur Valenciennes, 5 machines ont été brûlées. Les équipes avaient le moral dans les chaussettes."
Entreprises et fédérations souhaitent désormais une réaction des pouvoirs publics.