Il aura fallu plus d’un an aux habitants de Méru, dans l’Oise, pour venir à bout d’une immense œuvre collective. Un puzzle géant, de 54 000 pièces, le plus grand du monde. Il a été dévoilé devant tous ceux qui ont participé à sa réalisation. Écoliers, résidents d’Ehpad, des personnes de différents quartiers, l’œuvre collective a rassemblé toute une ville, permettant de nouer du lien social.
Liliane a eu le droit à une exclusivité. Celui de découvrir l’œuvre collective de la ville de , dans l’Oise, avant la soirée de présentation. Un puzzle géant de 54 000 pièces. La résidente d’une maison de retraite de la ville, comme tous les participants, a dû reconstituer les 2 000 morceaux de l’œuvre de son paquet.
"Je n'en reviens pas", dit-elle fièrement en découvrant le puzzle géant et en reconnaissant la partie sur laquelle elle a travaillé plusieurs heures. "On a mis quand même longtemps, surtout qu’en plus, il y a deux imbéciles qui se sont amusés à le plier pour le transporter". Une mésaventure qui a obligé Liliane à le refaire une seconde fois.
Un puzzle géant pour tisser du lien social
"Je pense que le défi a été relevé puisqu’on a travaillé avec 27 lieux emblématiques de la ville. Les écoles, les collèges, les résidences de personnes âgées, ce puzzle a fait le lien, parti autour d’un projet ludique qui est devenu un projet culturel et de lien social", observe Catherine Lecor, l'une des conceptrices du projet.
Au départ de ce projet, 27 paquets de 2 000 pièces, composant l'ensemble du puzzle, ont été distribués à différents acteurs de la ville. Une institutrice explique comment cette initiative a permis à ses élèves de CM2 de se rendre dans la résidence pour personnes âgées et d'y retourner pour une autre occasion, par la suite. "Les personnes de la maison de retraite de Beauséjour nous ont expliqué comment trier des pièces, comment démarrer le puzzle."
Au-delà du challenge, pour d’autres élèves, l’aventure les a conduits jusqu’à Paris. "Ce sont des élèves en situation de handicap. Ça a créé une union. Nous avons fait une partie du puzzle qui concerne deux œuvres du musée d’Orsay. Donc, on est allé les voir. C’était une grande chance pour eux de se déplacer jusqu’à Paris", raconte Emily Genty, Coordinatrice ULIS, au Collège Pierre Mendès-France.
Des pièces volontairement oubliées
Ce puzzle se caractérise aussi par des pièces manquantes. Des oublis volontaires de la part des deux initiateurs du projet. "Les pièces manquantes font partie de nos vies. Chacun d’entre nous a une pièce manquante dans sa vie, ou est une pièce rapportée dans un récit de vie", évoque Catherine Lecor. "Certains, comme la classe Ulysse, du collège Pierre Mendès France, ont reconstitué la pièce. Et d’autres, pour qui c’est un drame, on leur a expliqué que ça faisait partie de l’aventure de ce projet à long terme", ajoute-t-elle.
Après plus d’un an de travail, c'est donc une consécration ultime. Les deux artistes vont désormais devoir trouver une place pérenne pour ce puzzle géant au cœur de la ville.