En 2021, Maignelay-Montigny célèbre les 50 bougies de sa fusion. D’un côté, la commune plutôt bourgeoise, de l’autre, la commune plutôt populaire s’alliaient pour survivre. Retour sur un mariage réussi.
"Il y a 50 ans ici c’était Maignelay et par ici c’était Montigny", commente l’actuel maire de la commune, Denis Flour, en agitant les bras pour présenter les deux côtés de la rue de la gare. "C’est un endroit d’autant plus symbolique que la gare portait le nom de Maignelay-Montigny avant même cette fusion", poursuit-il le sourire aux lèvres.
La Covid-19 ne permet pas aux habitants de Maignelay-Montigny, commune nichée dans l’Oise, de fêter les noces d’or de la fusion. Elle ne les empêche néanmoins pas de se remémorer le parcours de deux villages rivaux pour la survie. C’est en 1971 que les deux villages, réunissant environ 800 âmes chacun, se sont unis pour continuer à grandir.
"Une fusion était nécessaire pour ne pas dépérir"
Une fusion portée par la volonté d’un homme : Marcel Ville "conseiller général de l'époque, élu par la suite premier maire de la commune et instituteur", énumère admiratif Denis Flour. Pour l’édile, une chose est certaine, la vie n’aurait pas été la même si les deux villages étaient restés séparés.
C’est lui qui a su convaincre les deux anciens maires, mais aussi la population de tout l’intérêt qu’il pouvait y avoir à se réunir. Elle était nécessaire pour ne pas dépérir. Il s’était rendu compte qu’en restant à une échelle de quelques centaines d’habitants, il n’aurait pas pu obtenir les services qu’ils ont obtenu par la suite. La première école maternelle est née juste après la fusion. Aujourd’hui, on peut aller jusqu’au collège. On a un cabinet médical, qu’on aurait peut-être pas, mais aussi des entreprises. Il y a eu un développement du commerce local et d’une zone d’activités.
Pour entériner cette fusion, un referendum local est organisé. Le oui l'emporte largement à la surprise générale. Car entre les habitants des deux villages, la rivalité est forte. "J’avais voté non à ce moment là. On voulait rester Montigny parce qu’on n’été pas aimés. Par exemple, quand il y avait les fêtes à Maignelay on y allait, mais la réciproque n’était pas vraie. Je n’ai jamais dansé avec un gars de Maignelay, pas un", atteste Raymonde, native de Montigny.
D’autres encore, comme André, 90 ans et habitant de Maignelay, ont accueilli ce mariage à bras ouverts. "J’avais voté pour la fusion. J’aime autant les deux et désormais j’ai des amis partout."
Une première fusion au Moyen-Âge
Si la fusion est désormais connue et reconnue, le chemin vers une union éternelle fut long pour les deux communes. Il aura fallu 624 ans, de 1347 à 1971, pour l’entériner. La société historique de Maignelay-Montigny relate qu’un mariage les unit pour la première fois en seigneuries en 1347. Les deux communes sont par la suite rassemblées en duché-pairie - ensemble des terres sous la domination d'un duc et d’un pair - puis se rapproche de nouveau sous l’autorité de la famille La Rochefoucault-Liancourt qui racheta le château et les domaines jusqu’au décès de la dernière descendante de la famille.
Il faudra ensuite attendre 94 ans, jusqu'en 1971 pour qu'on reparle une troisième fois d'union, réalisée cette fois définitivement par la fusion de nos deux communes. La constitution de cette nouvelle agglomération, le 1er mars 1971, fut possible par l'importance des décisions prises par les deux maires de l'époque : Louis Debove à Maignelay et Fernand Carré à Montigny.
Désormais, la commune poursuit tranquillement son développement, les querelles et les animosités sont loin derrière. "La hache de guerre est définitivement enterrée. Après tout, nous portons tous le même nom : nous sommes soit Maignemontois soit Maignemontoise", conclut le maire Denis Flour.