Oubliée au parloir de la prison de Liancourt : "j'ai eu peur pour moi et le bébé"

Dimanche 5 juillet, Mabere Mamba est oubliée dans un box du parloir de la prison de Liancourt dans l'Oise pendant 16 heures. La mère de famille de 43 ans, enceinte de plus de 8 mois, raconte ce qui s'est passé.

Dimanche 5 juillet, Mabere Mamba quitte son appartement d'Aulnay-sous-Bois en région parisienne en fin de matinée. À 15h30, elle a un parloir avec son compagnon incarcéré à la prison de Liancourt dans l'Oise. À l'heure prévue, elle entre dans le petit box qui lui permet de parler au père de son enfant à venir en face-à-face. Mabere est enceinte de 8 mois et demi.

Des conditions difficiles

Au bout d'une heure et demie de parloir, à 17h, les surveillants viennent ouvrir les portes des box pour que les visiteurs en sortent. Celle du box dans lequel Mabere est assise restera fermée jusqu'au lendemain matin à 9h. La mère de famille sera oubliée là pendant 16 heures.

"Quand j'ai vu que personne ne venait me chercher, j'ai commencé à taper. J'ai crié, j'ai sonné, raconte-t-elle. Il n'y avait personne. Je ne savais pas quoi faire. Je n'avais pas de téléphone, je n'avais rien du tout. Je suis restée presque toute la journée sans manger et sans boire. En plus, il faisait tout noir. Je suis restée toute la nuit aussi."

Inquiète pour son bébé et ses enfants

Mabere finit par se résigner à rester là toute la nuit. Le box est minuscule. La femme de 43 ans ne peut que rester debout ou assise sur une chaise sans grand confort. Les climatiseurs tournent et le froid ajoute à la peur qu'éprouve Mabere.

"C'était dur. Il n'y avait pas de toilettes. Je n'ai pas réussi à dormir. Je suis restée tout le temps. Je n'ai pas mangé. J'avais mal partout. J'ai souffert. Ce n'était pas facile avec le bébé. J'ai pleuré. [...] Imaginez, j'aurais accouché là-bas : il n'y avait personne, j'allais faire comment. C'était dangereux pour moi et pour le bébé. Je me suis inquiétée pour moi, le bébé et mes enfants".

Un appel à la prison

Ses enfants qui s'inquiètent également de ne pas la voir revenir de Liancourt : d'habitude, leur mère rentre de ses visites à la prison vers 21h, elle répond toujours au téléphone et n'a jamais découché. "J'ai fini par appeler le centre pénitentiaire, explique sa fille Massita. À 1h46 précisément. J'avais déjà appelé vers minuit mais ça ne répondait pas. Mais j'ai persisté et une dame m'a finalement répondu. Je lui ai expliqué qu'on n'avait aucune nouvelle de ma mère et que la dernière localisation de son téléphone, c'était à Liancourt. Elle me dit "attendez, je vérifie dans le registre". Mais elle me dit que ma mère est bien venue mais qu'elle est partie à 17h".
 
Avec ses frères, elle ira au commissariat d'Aulnay-sous-Bois pour demander de l'aide. Les policiers n'auront pas plus de succès qu'eux. Après une nuit d'inquiétude, Massita recevra finalement un coup de téléphone le lundi matin l'informant que sa mère a été retrouvée au centre pénitentiaire. "Une dame est devant les box et j'ai tapé à la porte, complète Mabere. Elle a sursauté. Elle m'a demandé "qu'est-ce que vous faites là-dedans ?" J'ai dit "on m'avait oubliée. Je suis là depuis hier". Elle est partie chercher la directrice et d'autres personnes aussi. Après, elle m'a dit que j'avais eu de la chance qu'elle passe par là parce que le lundi, il n'y a pas de parloir. J'aurais pu rester là plus longtemps."

Une enquête administrative ouverte

"On peut faire des erreurs mais deux erreurs dans la même soirée, ce n'est pas possible : j'ai appelé la prison et on m'a confirmé que ma mère était partie. Si on m'a dit que ma mère était partie, c'est qu'on n'a pas vérifié. Ça, c'est une erreur. Oublier une femme enceinte dans un box, c'est très grave. Il y aurait pu avoir d'autres conséquences", s'agace Massita.

Mabere a toujours très mal au dos, du mal à dormir. Et ne comprend pas comment une telle chose a pu arriver. "Quand ma fille a appelé, ils auraient pu aller vérifier dans le parloir. Mais ils ne l'ont pas fait. Je suis très en colère."

L'administration reconnaît qu'il s'agit d'un "accident regrettable, une énorme négligence". Une enquête administrative a été ouverte. De leur côté, les syndicats n'ont pas souhaité commenter l'affaire. Mabere Mamba et sa fille envisagent de porter plainte.
 
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