Dans un français parfaitement maîtrisé, le chanteur de Placebo nous a accordé une longue interview sur Arras, le Main Square, ses projets, sa passion. Interview très personnelle à retrouver en vidéo.
Quel souvenir gardez-vous de votre premier passage en 2004 à Arras ?
Ça fait sens qu'on soit là à la 20e édition car on était la première tête d'affiche de ce festival. L'endroit était très beau [La Grand-Place d'Arras]. On est montés sur scène et je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi beau. On a eu un choc. C'était un concert électrique. À un moment, on a fini une chanson et le public a continué à applaudir pendant 5 minutes. Une éternité sur scène quand tu ne joues pas et tu ne chantes pas. On a gardé un clip de ce moment dans notre nouveau documentaire qui sortira à la fin de l'année. C'est un souvenir que je garde proche de mon cœur. En arrivant à Arras, on ne savait pas que ça allait être aussi mémorable.
Qu'est-ce que le Brian Molko d'aujourd'hui dirait au Brian Molko d'il y a 20 ans ?
Pas grand-chose. Pas grand-chose franchement. Je suis sur un trip, j'étais déjà sur un trip très personnel. Je suis toujours en train de me découvrir en tant qu'être humain. Je pense que se découvrir, c'est aussi faire des bêtises. Et apprendre comme cela. Quand on arrête d'apprendre, on arrête de vivre.
Vos projets ?
Dormir. Ça fait trois ans qu'on est en tournée. Les grandes corporations et les capitalistes, ils sont venus pour tout. Tout ce qu'il nous reste c'est le live. Alors il faut continuer à tourner. Heureusement, nous sommes en demande. Et c'est une grande chance d'être dans cet état d'esprit, 30 ans après avoir débuté.
Il y a des soirs, où c'est absolument magique, quand on est en connexion avec le public !
Brian Molko, Placebo
Ça reste vos plus grands moments : jouer, monter sur scène ?
Pas nécessairement. C'est un mythe ça... Il y a des soirs, où c'est absolument magique, quand on est en connexion avec le public. Quand, il y a une synergie avec le public, cela devient quelque chose de transcendantal, de magique. Et le reste disparaît. Je suis complètement dans le moment. Mais c'est rare. On fait les autres concerts pour ces moments magiques. C'est quand même du boulot : il faut se concentrer, il y a beaucoup à faire, se souvenir de tout, se mettre dans une psychologie où on a confiance en soi. Il y a beaucoup de nous qui sommes des timides et la scène, c'est notre moment d'exhibitionnisme. Mais c'est pas nécessairement facile. Moi, je suis sur scène avec 5 autres musiciens. Il faut qu'on soit absolument exacts. Ça aussi, c'est très difficile car, c'est 100% live. Il n'y a pas d'enregistrement, donc si quelqu'un fait une bêtise, ça s'entend. Quand on n'est pas vraiment ensemble, ça s'entend... Mais j'ai vu ça aussi avec les Rolling Stones, sur scène. Sincèrement, je suis très amoureux du processus de création, plus que par le résultat musical, même si je fais tous ces concerts pour qu’une fois sur 10, je ressente ce moment transcendantal et magique.
Que souhaitez-vous au Main Square festival pour son anniversaire ?
20 ans de plus, et je serai là, je ne suis pas si vieux que cela.
Entretien réalisé par Damien Deparnay et Olivia Brisse / FranceTélévisions juste avant le concert jeudi 4 juillet de Placebo au Main Square 2024.