Une brigade spécialisée dans les auditions d'enfants basée à Arras vient de déménager dans des locaux neufs et a reçu des jouets et une voiturette électrique pour mettre en confiance les jeunes victimes de violences, avant des "interrogatoires" auxquels elles doivent être confrontées.
C'est désormais un panda en peluche, nommé Taö et paré d'un petit uniforme et d'un képi de gendarme, qui vient accueillir les jeunes enfants en voiturette électrique dès leur arrivée à la grille de la BPDJ d'Arras, brigade de prévention de la délinquance juvénile. Une unité spécialisée dans les auditions de victimes mineures, notamment en bas-âge, pour qui un passage dans les locaux d'une gendarmerie est, de fait, un stress.
Qui plus est, pour y raconter les violences physiques ou sexuelles graves qu'elles ont eues à subir. "Dès son arrivée à l'unité, la mascotte va chercher l'enfant dans le petit véhicule. Il se concentre là-dessus et ça permet de détendre l'atmosphère", explique le chef d'escadron Pascal Cressin, chargé notamment de la Prévention à l'état-major du groupement de gendarmerie du Pas-de-Calais.
C'est le succès des voiturettes électriques arrivées dans les hôpitaux, celui de Valenciennes en premier, qui a inspiré les militaires arrageois, pour la mise en confiance des petits, avant qu'ils ne soient confrontés à un moment difficile. Une opération dans les hôpitaux, un "interrogatoire" dans une gendarmerie.
Salle Mélanie
La voiturette est arrivée mi-décembre, donnée par les associations Ludopoly d’Arras et Games of Troll de Grenay, qui ont également offert des jouets neufs. Tout ce matériel a pris place dans une salle "Mélanie", du nom de la première enfant entendue dans ces conditions particulières.
Une pièce chaleureuse "parfaitement adaptée" dans les tout nouveaux locaux de la BPDJ, où un enfant peut trouver des repères. "L'intérêt c'est de le capter sur des jouets, il y a même des consoles de jeu ! Ça le désinhibe complètement", dit M. Cressin. Ce type de salle est un luxe, que ce soit en zone gendarmerie ou en zone police. "Ce petit plus ajoute au bien-être des enfants, et à notre performance dans l'enquête. On en est très content et on a tout de suite constaté l'efficacité de ce dispositif. Ça les apaise", poursuit l'officier.
Militaires spécifiquement formés
"Quand l'enquêteur sent que le gamin est prêt, on change de salle", dit le chef d'escadron. La jeune victime est alors emmenée dans une "salle d'entretien", plus simpliste, afin de "capter son intention" et qu'elle ne soit pas distraite.
Cinq gendarmes composent la BPDJ d'Arras. Ils sont spécifiquement formés aux auditions d'enfants. Un exercice très particulier, délicat. "L'enfant, on ne peut pas l'interroger plusieurs fois ou le garder quatre heures dans un bureau. On doit essayer de ne le faire qu'une seule fois pour éviter le traumatisme, éviter de lui faire répéter des choses dificiles", explique Pascal Cressin.
Derrière une vitre sans tain, le gendarme en charge de l'affaire communique avec le spécialiste qui échange avec l'enfant, et peut orienter l'audition pour les besoins de l'enquête.
Tous les gendarmes du département du Pas-de-Calais saisis d'une affaire de violences sur des mineurs de moins de 10 ans sont incités à faire le déplacement à Arras, afin que ces enfants soient entendus dans ces conditions exceptionnelles. Un dispositif dont ne profitent pas encore tous les enfants-victimes et gendarmes ou policiers de France.