Balades en été : randonnée à vélo en direction de Douvres, bien plus qu'une promenade, une ville historique frontalière

Chaque jour, nous vous proposons une idée de balade à vélo et aujourd'hui : la découverte de la ville de Douvres, point de départ et d'arrivée du tracé de la Via Francigena, un passage obligé des pèlerins et des cyclistes.

Aujourd'hui, nous nous arrêtons à Douvres en empruntant le tracé de la Via Francigena qui est un grand lieu de pèlerinage du Moyen Âge reliant Canterbury à Rome. Douvres en est d'un côté le départ et de l'autre, l'arrivée sur le sol anglais. Pour découvrir cette ville, nous posons pied à terre et décidons de visiter les infrastructures.

Douvres, un témoin de l'histoire commerciale transmanche

Le château de Douvres s'insère dans un paysage exceptionnel, un environnement naturel entouré de falaises blanches et d'un plateau de verdure qui surplombe la Manche. Des échanges que l'on distingue assez facilement avec le trafic routier. C'est aussi une cité portuaire que l'on va découvrir aux côtés d'Anita, une guide passionnée qui témoigne : "Douvres est une ville tellement chargée d'histoire. L'histoire est dans chaque rue, elle remonte à des milliers et des milliers d'années."

Nous nous rendons devant un tunnel où il est inscrit "Town Centre" afin de débuter la visite. Ce tunnel a été construit pour relier le centre-ville au front de mer pour les passants. C'est lors des travaux de percement que les ouvriers voient apparaître les vestiges d'un bateau datant de 3 500 ans avant Jésus-Christ. Anita raconte : "Le bateau a été trouvé en 1992, là où se trouve désormais ce tunnel, c'était juste avant l'heure du déjeuner et les ouvriers découvrent du bois, les archéologues arrivent sur le champ et se rendent compte qu'ils viennent de tomber sur quelque chose de très intéressant." Une découverte fortuite qui va révéler un trésor archéologique. Nous pouvons le découvrir au musée de Douvres, précieusement protégé par une vitre.

C'est une énigme à résoudre, nous atteste le directeur du musée de Douvres, Jon Iveson. Il nous donne quelques éléments de réponses sur la recherche et la manière de mettre en lumière les pratiques de l'époque : "Pour comprendre comment il a été fait et à quoi il servait, on a fabriqué une réplique à l'échelle 1/2. On l'a mise à l'eau et on a fait des tests pour voir ce qu'il est capable de transporter. Il y a quatre planches, elles sont assemblées entre elles par des liens, ce sont des branches de bois qui maintiennent l'ensemble du bateau."

Il intervient ensuite : "La question qui se posait : pourquoi avait-il besoin d'un bateau aussi large ? " à cette question rhétorique, il ajoute : "Je pense que cela à quelque chose à voir avec le commerce. La théorie, c'est qu'il devait y avoir une même communauté des deux côtés de la Manche. Le peuple de notre côté parlait la même langue et avait les mêmes intérêts que celui de l'autre côté."

La première traversée de la Manche

C'est à la date du 25 juillet 1909 que Louis Blériot entre dans l'histoire en effectuant la première traversée de la Manche en avion.

Une plaque retraçant ce fait historique est au sol, sur laquelle est inscrit le nom de l'aventurier et ingénieur, Louis Blériot. Anita nous raconte : "Nous nous trouvons à l'emplacement où Louis Blériot fit atterrir son avion en 1909, ce fut la première personne à accomplir la traversée de la Manche, c'est exactement l'endroit où il s'est posé."

À l’époque, l'actualité a rapporté les faits et le défi est lancé par le journal Daily Mail qui promet une récompense de 1 000 livres sterling à la première personne capable de traverser la Manche. C'est ce que Louis Blériot a accompli et chose promise, chose due, la récompense lui a été attribuée.

Une anecdote qu'Anita nous confie sur la réaction des douaniers est plutôt atypique : "À la surprise, les douaniers grimpèrent sur la colline pour les formalités, mais comme ils n'avaient jamais vu d'avion de leur vie, ils ne savaient pas comment le nommer, alors, ils notèrent que c'était un voilier."

Les sentiers de pèlerinage

Un point de passage entre la France et l'Angleterre, Douvres se découvre aussi à pied à travers un parcours artistique que nous raconte Joanna Jones. Il y a 16 ans, elle crée un collectif pour le développement des arts à Douvres, des artistes inspirés par le pèlerinage de la Via Francigena. Elle ajoute : "Je pense que cela signifie que nous sommes tous vainqueurs. De nos jours, il y a tellement de compétitions alors qu'en réalité, un pèlerinage, c'est une victoire sur soi-même."

Le sentier "North Downs Way" emprunte la via Francigena. "Au loin, il y a une très grande demeure construite comme une maison Folie avec une vision romantique. Sur cette maison, un belvédère a été édifié, mais il n'a jamais été achevé. Sur les plans originaux, il y avait une coupole, donc quand vous regardez au loin, vous pouvez l'imaginer sur le toit du belvédère." Lieu par lequel les pèlerins passaient, le belvédère donne une touche plus subtile au paysage côtier.

La chapelle Saint-Edmund's

On continue notre visite de Douvres en visitant un petit édifice renfermant beaucoup d'histoire, la chapelle Saint-Edmund's, dit la chapelle miraculeuse. C'est le deuxième bâtiment le plus ancien de la ville.

Paul Smye-Runsby, le président de l'association de la chapelle Saint-Edmund témoigne de l'histoire de cet édifice. Il raconte : " En 1940, les Allemands ont largué des obus sur des bâtiments qui entouraient complètement la chapelle oubliée depuis 200 ans, elle se trouvait dans le jardin derrière six maisons et lorsque ces maisons ont été détruites par les obus les gens ont pu voir apparaître la chapelle depuis la route." La chapelle Saint-Edmund's, construite en 1253 sur un cimetière réservé aux indigents, elle a échappé aux soubresauts de l'histoire.

Sa restauration en 1968 a mis au jour le destin émouvant des pèlerins qui faisaient étape à Douvres. "Certains pèlerins étaient si vieux ou malades qu'ils mourraient brutalement en prieuré et leur corps sont enterrés dans ce sol."

Ces galets troués ont été trouvés lors de fouilles dans la chapelle.

Chacun raconte une histoire, quand les pèlerins débarquaient à Douvres, ils cherchaient un galet sur la plage. C'était comme une preuve de leur passage.

Paul Smye-Runsby

Président de l'association de la chapelle Saint-Edmund

Retrouvez le récapitulatif de la visite à Douvres sur nos réseaux sociaux.

Un reportage de F. Mabille de Poncheville / L. Brimbeuf / C. Detez De La Dreve et V.Guerin