D'extérieur, le musée Berckois ne dit rien de sa richesse. Mais dans ce lieu de 40 mètres carrés c'est toute l'histoire de deux gardiens et passeurs de mémoire qui se raconte. Celle de Gérard et Catherine, coulonneux, passionnés depuis leur plus jeune âge par les pigeons voyageurs.
Dans leur maison de Berck-sur-Mer, le quotidien du couple est rythmé par le soin et l'alimentation de leurs 300 volatiles. Mais chez eux, on ne trouve pas que des collections de trophées. Gérard Tillier a également construit un musée de la colombophilie. Son souhait : transmettre la mémoire de cette tradition populaire qui se perd: "Dans 10, 20 ou 30 ans, on ne saura plus ce qu'est la colombophilie car aujourd'hui pour être colombophile il faut avoir du terrain, des autorisations", déplore ce passionné.
"Mon père était colombophile en 1950, c'est lui qui m'a tout appris. Dans le temps, les mineurs avaient leur pigeonnier dans les greniers. Les pigeons ne font pas de dégâts puisqu'ils sortent une heure par jour. C'est important de transmettre, sinon dans quelques années on ne saura même plus ce qu'est un pigeon", raconte encore cet intarissable colomphile.
Une tradition entre sport et loisir
Dans ce musée, grand comme un mouchoir de poche, des trésors comme cette collection de machines à baguer ou ces 200 constateurs dont le plus ancien date de 1890 : " Dès qu'un pigeon rentrait, il se posait dans le couvercle et le constateur enregistrait alors les heures et les minutes d'arrivée", explique le collectionneur.
La moitié des colombophiles de France est dans le Nord-Pas-de-Calais
Gardien de la mémoire d'un loisir encore pratiqué par 5000 coulonneux dans notre région, Gérard organise des visites pour les petits groupes sur rendez-vous: "Il ne faut pas oublier que pendant la guerre, les pigeons voyageurs servaient de correspondant. Tous ceux qui étaient pris avec des pigeons étaient fusillés". Alors soucieux de conserver ce patrimoine, il a refusé tout net l'offre de Chinois qui voulaient lui acheter son petit musée pour une coquette somme.