Jacky Lebas a quitté Boulogne-sur-Mer en 2019 et vit désormais en Ukraine, pays dans lequel il veut rester malgré le conflit. Depuis hier il ne dort plus, mais il veut témoigner et nous raconte la guerre et les bombardements.
Originaire de Boulogne-sur-Mer, où il a été adjoint à la culture de Jean Muselet, puis au commerce sous le mandat de Frédéric Cuvillier, Jacky Lebas est depuis trois ans en Ukraine auprès de sa femme ukrainienne, Elena. Ils sont installés à Jytomyr, une ville à 140 km de la capitale, Kiev.
Arrivé au départ pour un reportage sur l'après catastrophe de Tchernobyl, il ne souhaite pas quitter ce pays qui lui a offert des perspectives professionnelles et personnelles à "un âge avancé", lui qui ne voulait pas entendre parler de retraite. C'est pourquoi aujourd'hui, il refuse de quitter le pays, même si ses enfants, en France, lui demandent de rentrer.
Qu'avez vous constaté depuis le début du conflit ? Y a-t-il des bombardements près de chez vous ?
Jacky Lebas : Oui, je suis dans une petite commune à Jytomyr, mais la zone est stratégique. Il y a un aéroport militaire, beaucoup de casernes et une fabrique de chars d'assaut à quelques kilomètres de chez moi. Hier [24 février, premier jour de l'intervention russe], il y a eu des bombardements, j'ai réussi à filmer un panache de fumée à l'horizon ainsi que le vol d'hélicoptères ukrainiens.
Aujourd'hui, mon ami Alexandre qui habite à 40 km au nord, à Ushomyr, m'a appelé terrifié. Les Russes bombardé plusieurs heures son village où est situé l'un des plus gros stocks de munitions de l'armée ukrainienne.
Comment allez-vous ?
Je suis très occupé. Depuis hier, je n'ai pas dormi, je carbure depuis 26-28 heures au café. Tous les Français sont partis et je témoigne pour beaucoup de médias. Mais je ne m'inquiète pas pour moi, ce qui m'inquiète c'est de penser que le monde puisse laisser faire Poutine. Ça serait lamentable. Cela me peinerait plus que tout le reste.
Quel est l’état d’esprit des Ukrainiens ?
L'état d'esprit slave -et pas latin- fait qu'on ne discute pas de ses angoisses dans la rue. On baisse la tête, on rentre chez soi et on parle en famille. Je sais que plusieurs voisins ont fait des provisions dans leurs caves qui peuvent aussi servir d'abri.
Qu'attendez-vous de l'État français ?
Pas plus que des autres états. Toute la communauté doit regarder ces images de guerre et de millions d'habitants qui risquent de se retrouver sur les routes. Mais si je n'attends rien de particulier de l'État français, une réponse collective, forte, européenne serait un minimum.