Casser les clichés sur les genres et faire découvrir la danse urbaine à des adolescents. Toute cette semaine, le chorégraphe Hervé Koubi, en résidence à Calais, a sillonné les collèges du département pour présenter ses "conférences dansées".
C'est l'histoire d'un garçon obligé par son père à faire du judo, alors qu'il ne rêve que de danse ... Cette histoire, c'est celle du chorégraphe Hervé Koubi et de son bras droit Fayçal Hamlat qui est évoquée dans le spectacle "Boys don't cry", une création de 2018.
Devant une classe de 6 éme du collège Martin Luther King de Calais, les danseurs de la compagnie ont proposé mardi, un extrait de ce spectacle. Une réflexion à la fois drôle et tendre sur les clichés liés aux genres.
"Boys don't cry"
"Boys don't cry" veut déconstruire les préjugés sur la masculinité. "Un garçon, ça ne pleure pas : ce n'est pas vrai", explique le chorégraphe aux collégiens.
"On a fait ce spectacle pour montrer que oui : un homme véritable a le droit de pleurer, qu'un garçon n'est pas obligé d'aimer le foot et qu'en revanche une fille qui aime le foot, ça serait bien qu'elle puisse en faire, que ce n'est pas grave si un garçon n'aime pas se bagarrer mais qu'encore plus, s'il a envie de danser, ça serait bien qu'on lui fiche la paix !"
Expérience personnelle
"Ma propre mère n'a pu faire de foot quand elle avait onze ans, on lui a dit : "Toi, tu feras de la couture". C'est quelque chose qui l'a marquée et je pense qu'elle me l'a fait sentir de manière imperceptible", justifie Hervé Koubi.
"Moi, j'ai choisi de faire de la danse, pourtant on m'avait inscrit au judo. Je n'en ai fait qu'une heure, au grand desespoir de mon père inquiet de voir que je ne savais pas me défendre ! Finalement, je suis danseur : c'est comme ça que je me suis bagarré dans la vie : avec mon art. Aujourd'hui mon père est très fier que je sois danseur. Comme quoi, je l'ai remportée cette bagarre !"
Car les stéréotypes ont encore la vie dure ... même au XXI ème siècle ! Céline Pichonneau, professeure d' éducation physique au sein du collège Martin Luther King de Calais l'a ressenti en début d'année quand elle a initié un cycle danse avec ses élèves.
"Au début, certains ont refusé. Pour eux, c'était un truc de fille. Le corps, selon eux, ça devait être synonyme de performance et non de sensiblité. En général, quand quelqu'un fait preuve de sensiblité, il est montré du doigt. Dans le collège, heureusement, les mentalités évoluent. On le voit depuis quelques années. Chacun peut affirmer son identité sans craindre le regard des autres ! Mais il faut encore expliquer, car beaucoup quand ils arrivent au collège sont encore pétris de préjugés."
Et ce cycle danse, combiné à la rencontre avec le chorégraphe semble avoir porté ses fruits. " On peut parler de choses graves avec légèreté grâce à la danse", explique Jade, élève de 6 ème. Le jeune Abel, 11ans, est conquis : "Ça me donne envie de danser, ça montre qu'en dansant on peut exprimer des choses avec son corps".
Conférences dansées
Leçon de vie et leçon de danse. Arrivé en mars dernier dans la cité des Six Bourgeois, Hervé Koubi a à coeur de partager son art, sa passion avec les habitants du territoire. Lors de ses "conférences dansées" organisées avec le conseil départemental du Pas-de-Calais, il raconte l'histoire des urbaines à des collégiens avides de savoir comment on devient danseur, s'il faut s'entraîner dur ... Les jeunes ont même la chance de participer à des ateliers avec des danseurs de la compagnie. Un vrai partage.
Rassembler, partager : les verbes préférés du chorégraphe !