Dragon de Calais : à quoi ça sert ? Combien ça coûte ? Combien ça rapporte ?

Trois questions pour mieux comprendre les enjeux importants autour du dragon de Calais, inauguré ce week-end.

Au-delà de la beauté, de la magie, de la fête, qu'y-a-t-il derrière le Dragon de Calais ? L'animal n'est pas seulement une bête affrayante. Ce dragon, monstre d'acier haut de 10 mètres et long de 25, et crachant feu, eau et fumée, présenté ce vendredi aux Calaisiens, est aussi et peut-être surtout un enjeu économique et touristique. 
 


 

A quoi sert le Dragon de Calais ? 


A l'origine du projet, il y a d'abord une volonté de la ville de redorer son image. L'afflux de migrants, jusqu'à près de 10 000 il y a quelques années a fait parler de la ville sur la scène politique, beaucoup moins dans les guides touristiques. 

Conscient du problème, l'Etat et les collectivités territoriales ont décidé d'octroyer à Calais un "fonds de compensation", un contrat de territoire : environ 100 millions d’euros de subventions. A dépenser d'ici 2020. La ville, qui avait un temps misé sur un grand parc d'attractions (trop cher), a finalement choisi de faire confiance à la compagnie nantaise "La Machine" qui s'est spécialisée dans la création de monstres urbains : le Grand éléphant de Nantes, le Minotaure débarqué à Toulouse ou des bestiaires envoyés à Pékin, Bruxelles ou Liverpool...
 
Faire parler de Calais autrement. L'objectif de Natacha Bouchart, maire de la ville, est de faire de cet animal "venu d'un autre monde" un point d'attractivité et de fierté : "Calais veut devenir une station balnéaire du XXIe siècle et  une destination touristique de référence sur la Côte d'Opale. C'est un projet qui nous redonner du souffle".

Car le projet est d'envergure. Il faut même parler plutôt d'animaux au pluriel puisqu'à partir de 2022, deux "varans de voyage", pouvant eux transporter 25 personnes chacun et se déplacer au milieu des voitures à "6 ou 7 km/h", puis une "famille d'une dizaine d'iguanes" s'installeront aussi en ville. Des visites techniques, un espace de restauration, une boutique ou encore des activités indoor complèteront l'installation.
 

"Pour les Calaisiens, d'avoir une machine pérenne, ça va être, je pense et j'espère, une fierté. D'autant que je l'ai vraiment imaginé pour Calais à la suite de plusieurs répérages en équipe, explique François Delarozière, directeur artistique de la compagnie "La Machine". La machine est dessinée pour Calais et restera à Calais. C'est ce que j'appelle des architectures en mouvement."

A l'issue du spectacle de ce week-end, "le dragon s'installera à Calais pour y vivre plusieurs dizaines d'années", entre le front de mer et une nef  transparente dédiée. Devenue "machine de ville", il arpentera quotidiennement la ville dès la mi-décembre, transportant sur son dos une cinquantaine de Calaisiens ou touristes pour un voyage payant d'environ 30 minutes. Il circulera notamment dans les voies de bus à sens unique.

Le dragon a nécessité un chantier de deux ans. 
 

Combien ça coûte ? 


27 millions d'euros payés par la ville et la communauté d'agglomération en majorité mais aussi l'Etat, le Conseil régional, peut-être le Conseil Départemental du Pas-de-Calais, sur 8 ans. Le site d'investigations locales Médiacités a publié le détail de ce coût :
  • 3,2 millions d'€pour le Dragon
  • 920 000 euros pour le spectacle d’ouverture
  • 370 000 euros pour le parcours (signalétique…).
  • 3,4 M€ pour la halle de maintenance et l'abri pour le dragon
  • 9 M€ pour l’acte 2, prévu l’année prochaine
  • 3,75 M€ pour un blockhaus de stockage...
  • 1,35 M€ en 2022 pour l'acte III (6 iguanes)
  • 870 000 € pour l'acte IV (un grand iguane dans le quartier Saint-Pierre)

A ce coût, il faut ajouter une subvention annuelle de 500 000 euros à 1,5M€ (selon les années) "pour faire baisser le prix du billet à un niveau abordable et de compenser une tarification inférieure au coût de revient", explique Médiacités. 
 

Combien ça rapporte ? 


Les dragons sont prévus pour devenir rentables à partir de 2032. D'ici là, la mairie table sur des recettes importantes pour l'aider à supporter le coût. Le billet pour un tour de 30 minutes en ville en haut du dragon est pour l'instant fixé à 9 €. 

Calais espère 500 000 visiteurs gratuits et payants par an dès 2020 et espère passer le cap des 400 000 tickets vendus en 2027.

Au-delà, le dragon doit aussi créer à terme "70 emplois directs", attirer investisseurs et commerces et occasionner d'importantes retombées économiques. "C'est un cercle vertueux", résume François Delarozière qui parle de 27 millions d'euros de retombées.

Les élus du Rassemblement national ne sont pas de cet avis : "Sur le fond du dossier, 27 à 35 millions d'euros pour 70 emplois directs et 600 000 euros de déficit de fonctionnement programmé par an : voilà résumé le modèle économique du dragon de Mme Bouchart", accuse le candidat RN à Calais Marc de Fleurian. "Ce dragon à roulettes, attraction de fête foraine que Mme Bouchart présente comme l'élément essentiel de sa politique pour l'emploi, s'avère être le symbole mobile du gaspillage de l'argent public dont elle fait preuve. (...)  Ces  dérives terriblement choquantes en matière de gestion publique constituent une insulte au bon sens et une faute éthique envers les Calaisiens dont un sur trois vit en dessous du seuil de pauvreté".  

Le RN a lancé une campagne d'affichage dans le ville pour dénoncer le coût du dragon. 
 
"Le dragon va être très vite amorti, répond Natacha Bouchart. 27 M€ ce n'est pas que pour le dragon, c'est un projet global." "Dans un projet d'investissements et d'attractivité, ce n'est franchement pas cher d'autant plus que les impôts n'augmentent pas", a-t-elle également souligné. Elle a
aussi regretté la position d'"un groupe de parachutés qui viennent de débarquer à Calais et qui ne connaissent pas notre histoire".
 

A Nantes, l'éléphant a permis de vendre 650 000 billets en 2016. Mais attention, Calais c'est environ 6 fois moins d'habitants (105 000 pour l'agglo). La ville mise beaucoup sur les Britanniques et les Belges pour venir rentabiliser son Dragon.
    
 
France 3 Hauts-de-France vous fait vivre la grande histoire du Dragon de Calais, du 1er au 3 novembre !
Vendredi 1er novembre
Rendez-vous à 18h53 dans l’édition littoral-Hauts-de-France en direct de Calais.
Corinne Sala recevra Jean-Philippe Javello de la Compagnie du Dragon et vous fera revivre la première journée et le réveil du dragon. 
 
Samedi 2 novembre
Rendez-vous dans nos éditions d’information 12h et 19h pour suivre l’avancée du Dragon de Calais dans la ville.
 
Dimanche 3 novembre
Rendez-vous sur France 3 Hauts-de-France à 13h30 pour suivre avec Virginie Demange en direct de Calais, pour revivre toute l’histoire de la création de ce Dragon de Calais, depuis les maquettes jusqu’à la parade du dimanche après-midi.
52 minutes pour vivre ensemble "la grande histoire du Dragon de Calais". 
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