Deux des principales associations intervenant auprès des migrants à Calais ont réagi de manière mitigée à l'annonce lundi par le ministre de l'Intérieur de l'ouverture prochaine de deux centres pour les héberger et examiner leur situation.
Pour le Secours catholique, "il s'agit d'un premier pas important", a déclaré son président départemental, Didier Degrémont. "Mais il ne faut pas se contenter de créer ces centres et d'y bloquer 300 personnes, sans qu'elles en voient l'issue. Il faut qu'il y ait une gestion efficace de ce dispositif et qu'une fois accueillis et mis en sécurité, ils puissent être réorientés vers d'autres CAO, où il doit y avoir le nombre de places nécessaires pour les reloger en vue de leur demande d'asile. Ce qui laisserait en permanence un volant de places disponibles", a-t-il expliqué.
Le président de l'Auberge des migrants, Christian Salomé, s'est montré, lui, plus réservé sur ce dispositif. "Ici, à Calais, ce ne sont que des réfugiés qui ont envie de rejoindre leur famille en Angleterre. Le fait d'ouvrir des centres à 100 km d'ici, et de les y envoyer, ça leur fera de la marche pour revenir ici... La réponse à la problématique de Calais n'est pas l'ouverture de centres d'accueil" dans la région, a-t-il insisté, évoquant la possibilité de "couloirs humanitaires" vers l'Angleterre.
Deux centres dans la région
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé lundi l'ouverture "dans les dix jours qui viennent" de "deux centres assurant l'hébergement et l'examen des situations de ces personnes", à Troisvaux (Pas-de-Calais) et Bailleul (Nord). Ils disposeront à eux deux de 300 places.
Le maire de Troisvaux, Charles Torchy, a indiqué qu'un Centre d'accueil et d'orientation (CAO) avait déjà ouvert sur sa commune rurale de 300 habitants à la mi-mai, dans une abbaye. "Elle peut accueillir au maximum une soixantaine de réfugiés, ce matin, il y en avait un peu plus de vingt", a-t-il dit. La mairie de Bailleul (15.000 habitants) a annoncé de son côté une conférence de presse ce mardi matin.