Réfugiés à Calais et Loon-Plage : les confiscations de tentes se poursuivent malgré la chaleur, dénoncent les associations

Selon l'association Salam, qui oeuvre à Calais et le collectif Roots, actif à Loon-Plage, les confiscations de tentes et d'effets personnels se poursuivent sur le littoral au gré des opérations de démantèlement. Une privation qui peut constituer un danger supplémentaire pour les exilés dans le contexte de forte chaleur.

La politique du zéro point de fixation se poursuit sur les campements de réfugiés des littoraux de Calais (62) et Loon-Plage (59), où ont été déplacés les personnes basées à Grande-Synthe. Les associations qui viennent en aide aux exilés dénoncent, depuis de nombreuses années, des opérations de démantèlement répétées qui donnent lieu à des confiscations abusives de tentes et d'effets personnels. 

Dans un bilan portant sur la journée du dimanche 24 juillet, l'association Salam, qui oeuvre à Calais, recense des expulsions sur sept lieux de vie différents. Plusieurs tentes et couvertures ont été emmenées par les autorités, un constat quasi-quotidien pour Salam. "Un policier demande à d'autres exilés de récupérer la tente de quelqu'un qui a le bras cassé", "Les CRS prennent une tente à quelqu'un qui finit par la récupérer" peut-on par exemple lire dans ce compte-rendu.

A Calais, ces effets personnels peuvent parfois être récupérées à la Ressourcerie, sans garantie. Dans ce même bilan, on trouve également cette phrase, symptomatique de la dynamique qui se joue depuis près de 10 ans sur le littoral calaisien : "Les gens sont forcés de passer le fossé avec leurs tentes. Ils se réinstallent avant même le départ des CRS".

Confiscation des tentes : les réfugiés à la merci de la chaleur

A Loon-Plage, la dernière expulsion d'ampleur date du 20 juillet. Dans un communiqué rédigé deux jours après, l'association Roots, qui fournit l'eau sur le campement, détaille l'opération de démantèlement dans un communiqué. Des bénévoles se rendent systématiquement sur les lieux lors des opérations depuis décembre 2021, lorsque les cuves d'eau et douches qui permettent aux exilés de survivre avaient été saisies par les forces de l'ordre. "Il est regrettable que les 69 tentes, 31 bâches, 61 couvertures, 5 matelas, 3 tapis de sol confisqués ce jour ci n'aient pas été rapportés" constate Roots.

"Ces biens n'ont pas été récupérés, et ils ne le seront jamais, c'est la loi des expulsions, déplore Chloé Magnan, une bénévole du collectif.  Il n'y a rien du côté de Dunkerque qui leur permette de les récupérer."

Pourtant, la confiscation des tentes, en cette période de fortes chaleurs, présente un risque supplémentaire, comme l'explique Diane Léon, de l'association Médecins du Monde. "Avec ces températures, on préconise beaucoup de choses pour la population globale : s'hydrater, rester à l'ombre... Les personnes exilées n'ont pas cette possibilité, elles survivent dans des tentes, et les évacuations réalisées toutes les 48h en moyenne à Calais engendrent un vol des effets personnels et une saisie des tentes. De fait, des personnes se retrouvent sans aucun possibilité. C'est particulièrement inquiétant." Les médecins bénévoles craignent notamment des cas d'insolation et de déshydratation.

La préfecture du Pas-de-Calais, contactée par France 3, assume sa politique des démantèlements répétés, estimant qu'elles "permettent de lutter contre les points de fixations et donc de limiter les campements d'envergure". En revanche, les autorités préfectorales nient toute confiscation d'effets personnels. "Concernant les tentes, il est nécessaire de rappeler que les services de l’État et ses opérateurs mandatés ne saisissent, ni ne confisquent aucune tente. Les tentes ramassées sont celles abandonnées sur les terrains évincés, pris en compte par notre opérateur pour que celles-ci soient stockées à la Ressourcerie".

Atteintes au droit à l'eau à Loon-Plage : un scénario qui se répète

A Loon-Plage, la dernière opération de démantèlement mandatée par la préfecture a créé la polémique : alors que la température avoisine les 40 degrés, l'une des cuves d'eau fournie et alimentée par l'association Roots est enlevée du campement principal, alors que l'expulsion se déroule sur un autre site et malgré un accord oral passé avec les associations. La vidéo, prise par Human Rights Observer, fait le tour des réseaux sociaux.

Douze heures plus tard, la cuve est restituée, et la préfecture communique sur une "erreur" de l'huissier envoyée sur les lieux. "C'est sans doute les réseaux sociaux qui ont fait pression pour que cette cuve soit ramenée. Elle était juste partie à la poubelle, on l'a nettoyée et désinfectée et on a pu la remettre en service deux jours après" estime de son côté Chloé Magnan, de l'association Roots. Contactée pour savoir si, après cette erreur, des consignes claires avaient été données pour le maintien des cuves d'eau lors des évacuations, la préfecture du Nord n'a pas souhaité donner suite à la demande de France 3. Les associations, elles, disent ne pas avoir été démarchées.

Le 27 juillet, une nouvelle expulsion a eu lieu autour de Loon-Plage. "Nous avions fournis des jerricanes au personnes vivants loin du camp principal. Cela nous permettait de passer une fois par jour avec le camion pour remplir ces jerricanes, explique Chloé Magnan, du collectif Roots. Ce matin, ces jerricans ont étaient perforés par les autorités. Cet incident intervient une semaine après que la prise "par erreur" du point d'eau", relate amèrement la bénévole. 

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