Depuis la rixe entre migrants à Calais jeudi dernier, les passeurs sont au centre de l'attention. Gouvernement, associations et migrants les mettent en cause et les accusent d'attiser les tensions entre les différentes communautés de migrants. Toutefois, leurs interprétations diffèrent.
Depuis la rixe entre migrants le jeudi 1er février, les passeurs sont pointés du doigt. D'après certains migrants, ils profiteraient de la situation à Calais pour renforcer leur influence en accentuant les tensions communautaires.
Amir et Ahmed sont frères, tous deux migrants d'origine afghane. Ils étaient sur les lieux lors de l'affrontement de jeudi dernier. La répression policière pousse, selon lui, les migrants à se tourner vers les passeurs. "La police a déchiré notre tente hier et moi je n'ai nulle part où aller, explique le jeune homme. On est obligés d'aller vers les trafiquants parce que nous on a rien et eux ils ont tout."
Réponse d'un syndicaliste de police : "Leur but premier, c'est de passer en Angleterre. Ils se tourneront forcément vers les passeurs à un moment donné." Frédéric Baland du syndicat Alliance, réfute, par ailleurs, les accusations contre la police. D'après lui, il n'y aurait pas de destruction de tentes, les forces de l'ordre cherchant uniquement à éviter "les points de fixations".
Gouvernement et associations se défaussent l'un sur l'autre
La situation à Calais, cristallisée par les événements du premier février, est interprétée de manière radicalement opposée par les associations qui viennent en aide aux migrants et par le gouvernement et les élus locaux. Les représentants associatifs associent la politique de répression du gouvernement d'Emmanuel Macron et la place grandissante que prennent les passeurs à Calais. "Le tout-sécuritaire fait le business [des passeurs]. A chaque fois qu'il y a une barrière en plus, ou des CRS en plus, ils sont ravis, les prix augmentent", analyse Vincent De Coninck du Secours catholique.
Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, s'est rendu sur place dans la soirée du 1er février. Il a "fait appel au bon sens des associations: il ne peut y avoir d'organisation sauvage" des distributions de nourriture. Les distributions de repas seront encadrées par un dispositif de sécurité, a indiqué la Préfecture.