Un mois après avoir signé l'accord avec le pays d'Afrique de l'Est, le Premier ministre britannique affirme que 50 migrants arrivés illégalement sur le territoire vont être envoyés au Rwanda.
Le 14 avril dernier depuis le Kent, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait annoncé avoir signé un accord avec Kigali pour renvoyer des demandeurs d’asile au Rwanda. L’objectif affiché par Londres : décourager les candidats à l’immigration et empêcher les "ignobles passeurs" de transformer la mer du Nord en un "cimetière aquatique".
Dans la foulée, les organisations de défense des droits humains ont crié au scandale.
Parmi les détracteurs du projet figurent les partis d’opposition, mais également des parlementaires du parti conservateur - dont l’ancienne Première ministre Theresa May - ou encore le très respecté archevêque de Canterbury. Tous soulèvent des questions d’éthique, de légalité, de coût et d’efficacité de cette politique.
50 "avis d'intention" envoyés
Pourtant, un mois plus tard, Boris Johnson persiste et signe. Dans une interview donnée au Daily Mail samedi 14 mai, il assure que 50 personnes arrivées illégalement sur le territoire après avoir traversé la Manche ont été informées qu’elles seraient transportées par avion au Rwanda dans les quinze prochains jours. 6 000 kilomètres séparent les deux pays.
La publication de ces 50 "avis d’intention" marque la première étape du processus. Les personnes concernées ont entre 7 et 14 jours pour déposer des objections. Le gouvernement britannique, conscient que des contestations judiciaires vont être avancées, assure savoir que le processus va "prendre du temps" mais que cela ne va pas les dissuader de poursuivre la mise en place de cette politique.
Ce programme de "réinstallation" (resettlement policy, ndlr) annoncé le mois dernier a un coût dans un premier temps estimé à 120 millions de livres sterling et sera financé par le Royaume-Uni. Il concerne potentiellement tous les migrants qui entrent (ou sont entrées depuis le 1er janvier 2022) illégalement sur le territoire britannique.
Boris Johnson assume
Selon Boris Johnson, le Rwanda pourra accueillir "des dizaines de milliers de personnes dans les années à venir", décrivant ce pays d’Afrique de l’Est comme l’un des "plus sûrs du monde, mondialement reconnu pour son bilan d’accueil et d’intégration des migrants". Le gouvernement rwandais a précisé qu’il proposerait, aux personnes qui le souhaitent, la possibilité de "s’installer de manière permanente au Rwanda".
Notre compassion est peut-être infinie, mais notre capacité à aider des gens ne l’est pas.
Boris Johnson, Premier ministre britannique
Dans un communiqué, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés affirme sa "forte opposition" au projet. "Les personnes fuyant la guerre, les conflits et les persécutions méritent compassion et empathie. Elles ne devraient pas être échangées comme des marchandises et transférées à l’étranger pour être traitées". Réponse du Premier ministre conservateur : "notre compassion est peut-être infinie, mais notre capacité à aider des gens ne l’est pas".
En 2021, 28 526 personnes ont traversé la Manche sur des embarcations de fortune contre 8 466 en 2020 selon les chiffres du ministère français de l’Intérieur. Au moins 27 migrants ont perdu la vie lors d’une traversée dans la nuit du 24 novembre dernier.