La marche organisée par des associations représentant "la France qui accueille" est arrivée à sa destination, après 1400 km de marche, même si une délégation de bénévoles va poursuivre sa route vers Londres.
Sacs et chaussures de randonnée pour les uns, sandales et lunettes de soleil pour les autres: plusieurs centaines de bénévoles et citoyens engagés, rejoints par quelques migrants, sont entrés samedi à Calais, arrivée symbolique d'une "marche solidaire" partie deux mois plus tôt de Vintimille.
@Solidaritywalk : "de l'air, de l'air, ouvrez les frontières !" @calaisport pic.twitter.com/6WA7VNcKMw
— Brice Benazzouz (@BriceBenazzouz) 7 juillet 2018
"C'est l'aboutissement de la marche, mais c'est surtout un élan pour faire valoir le message commun de permettre à toutes les personnes exilées de trouver le moyen de s'intégrer", raconte Vincent, 30 ans, venu des Côtes d'Armor, les pieds couverts de pansements dans ses chaussures abîmées.
La France qui accueille, elle existe
Parti de Ham (Somme) près de Saint-Quentin, cet intermittent du spectacle est heureux d'avoir pu, "modestement, partager leur quotidien, dépasser les barrières et apprendre à se connaître" pendant quinze jours de marche. "La France qui accueille, elle existe", renchérit Brice Benazzouz, bénévole chez Médecins du Monde, fier de la "mixité" du défilé.
Le cortège parti le 30 avril de Vintimille est passé chaque soir par des villes étapes où associations et bénévoles d'aide aux migrants ont accueilli, nourri et parfois logé les randonneurs.
Organisée par les associations L'Auberge des migrants et la Roya Citoyenne, la marche longue de 1.400 kilomètres a ainsi relié la frontière franco-italienne à la ville portuaire où vivent officiellement environ 400 migrants dans l'espoir de passer en Grande-Bretagne en montant clandestinement dans des camions.
"Ils font pousser des barbelés, cultivons les tenailles", "Stop Dublin", "Paix", "Pour un accueil digne, merci", "Bienvenue aux migrants", pouvait-on lire sur des banderoles flottant dans le cortège, encadré par la police et qui scandait "no borders, no nations, stop deportation".
Au milieu du cortège qui a longé l'ancienne "Jungle" de Calais, où ont vécu jusqu'à 10.000 migrants, s'est glissé Oumar, Malien de 24 ans, sous le coup d'une procédure d'expulsion vers l'Italie, où il a laissé ses empreintes, selon la procédure des accords de Dublin. "C'est injuste", répète-t-il, venu de Paris pour dire au gouvernement que "tout le monde a le droit de vivre où il a envie de vivre".
D'autres migrants, vivant à Calais, restaient à l'écart du défilé.
On souffre pour eux
"Calais est l'illustration parfaite, le condensé de la violence qui est faite aux exilés partout en France. La marche ne pouvait pas se terminer ailleurs", estime Arthur, éducateur spécialisé grenoblois de 23 ans et ancien bénévole à Calais, au moment où le défilé passe dans la zone industrielle des Dunes où campent sous des tentes quelques migrants.
"On souffre pour eux", confie Bernadette, Calaisienne à la retraite qui voulait rappeler qu'on peut les aider au quotidien, en "les prenant en voiture, en payant leur courses au supermarché, en leur donnant des bouteilles d'eau."
Ultime étape pour une poignée d'entre eux: Londres dimanche, où doit se rendre une délégation d'associatifs et de marcheurs, laissant à contre-coeur derrière les migrants.