PORTRAIT. Brigitte Petit, de la lutte chez Samsonite aux planches du Off d'Avignon

À travers la pièce "On n'est pas des valises", l'Avionnaise Brigitte Petit  s'est découvert un talent pour le théâtre... ce qui ne l'empêche pas de se souvenir de ses années de lutte pour l'entreprise Samsonite, une véritable épopée. Portrait.

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Ex-couturière et porte-parole CGT de la contestation chez Samsonite, Brigitte Petit, 60 ans, sera avec six anciennes collègues sur la scène du Off d'Avignon en juillet pour raconter son combat acharné, plus de dix ans après la liquidation de cette usine de valises à Hénin-Beaumont.

Brigitte Petit avait dix ans lorsqu'elle a participé à sa première manifestation "à Rouvroy, pour soutenir mon père, un ancien mineur", se souvient-t-elle dans son pavillon à Avion, près de Lens. 
 
Adhérente du Parti communiste, comme l'étaient ses parents, elle s'encarte à la CGT dès le début de sa carrière de couturière à 15 ans. 

"C'est l'une des militantes les plus courageuses, intelligentes et déterminées que je n'ai jamais croisée", confie Fiodor Rilov, avocat des ex-"Samsonite", dont il est "fan".
 

L'amour de son travail


Son travail dans l'usine de valises, Brigitte Petit "l'adorait", "fière de sortir de la qualité". Elle évoque "la super ambiance" entre les ouvriers, une "grande famille", mais aussi avec la direction, "celle du début, qui aimait notre travail et qui nous le disait".

Elle était le "bras le droit" de Renée Ponthieu, déléguée du personnel CGT et chef de file de la mobilisation, décédée en 2013. "Une amie, une soeur, une femme exemplaire", décrit, émue,celle qui joue son rôle depuis 2016 dans la pièce "On n'est pas que des valises" programmée du 6 au 28 juillet à Avignon.
 

Les Samsonite-On n'est pas que des valises

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"On a commencé à lutter ensemble", en janvier 2007, "quand en comité d'entreprise, la direction a annoncé qu'elle ne pouvait plus payer les salaires, on leur a dit 'Allez le dire vous-mêmes aux ouvriers !".

"Ni une ni deux, les gars ont mis des palettes dans les bennes, ils les ont brûlées et ils ont dit 'On ne bouge plus de là !'", poursuit cette mère de deux garçons, tee-shirt bleu et boucles d'oreilles assorties.

 

"Lutte d'une extrême douceur"


Jour et nuit, pendant six mois, l'usine a été occupée. "Tricot, repassage, cuisine... On s'occupait comme ça, on devait continuer à faire tourner la maison", raconte-t-elle.

"Elle lutte d'une extrême douceur", résume joliment Marie Liagre, la metteuse en scène de la pièce qui retrace l'"épopée" de ces anciens ouvriers depuis la fermeture de l'usine et le licenciement de ses 200 salariés, dont une majorité de femmes.

L'amatrice de crochet, née à Hénin-Beaumont, s'était reconvertie après la liquidation comme assistante familiale après plus de 30 ans d'usine. Elle est à la retraite depuis deux mois, "et ça lui fait drôle, elle s'ennuie", glisse son mari Bruno à ses côtés. L'ancien maître-nageur, également au PCF, ne rate aucune représentation, "fier" de sa femme comédienne : "On ne s'attendait pas à ça !"
 

Après Avignon, elle jouera du 20 au 23 septembre à La Maison des Métallos à Paris. "J'ai le trac, mais c'est grandiose, j'aurais dû commencer avant", sourit l'ancienne ouvrière, qui n'avait encore jamais franchi les portes d'un théâtre voici deux ans. 

"Brigitte rebondit toujours. La fermeture de l'usine a été un traumatisme, mais elle s'est reconvertie dans le social avec ce souci de l'autre qu'elle a su renouveler", relève Hélène Desplanques, la réalisatrice. "Courageuse" et "tenace", pour elle "rien est impossible". 
 

Quand on joue devant les scolaires, on leur dit: Battez-vous !', 'Ne lâchez rien !'"


Toujours à la CGT, Brigitte Petit manifeste aujourd'hui avec les retraités. Sous sa véranda, elle s'attriste de l'arrivée du Front national dans sa ville natale, "l'horreur", et de ces jeunes "qui ne se défendent plus". "Quand on joue devant les scolaires, on leur dit: Battez-vous !', 'Ne lâchez rien !'". 

"Nous, pour défendre nos droits, nous sommes allés jusqu'à New York !", lance-t-elle. "On a manifesté sur la 5e avenue, contre Bain Capital, l'actionnaire de Samsonite à l'époque, et on a assigné son fondateur, Mitt Romney !", raconte-t-elle, en sirotant son café.
 
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