Les 3 petits-enfants de Patrice et Lydie Maninchedda, qui avaient lancé un appel de détresse au président Macron, ont été rapatriés en France ce vendredi. "Un bonheur amer" pour ces grands-parents dont la fille est morte en Syrie.
Les 3 petits-enfants de Patrice et Lydie Maninchedda, habitants de Libercourt dont la fille est morte en Syrie, ont été rapatriés en France. C'est son avocat qui a annoncé l'information ce vendredi après-midi.
La Nordiste avait lancé un appel au Président de la République pour que ces enfants qui vivaient dans un camp en Syrie puissent être élevés en France. Les 3 enfants de 1, 3 et 5 ans ont été remis en charge par les autorités judiciaires et pris en charge médicalement et psychologiquement. "Ils seront ensuite confiés à l'aide sociale à l'enfance, dans l'attente de retrouver leurs grands-parents", indique l'avocat de la famille, Martin Pradel.
[? Communiqué de presse]
— Martin Pradel (@MartinPradel) 15 mars 2019
Sur le retour en France des enfants détenus dans les camps de prisonniers en Syrie. pic.twitter.com/OTw4mentKt
"Nous avons toujours su qu'il était possible à la France de venir en aide à ces touts-petits. Nous sommes heureux de savoir que nos petits-enfants sont désormais entre les mains de professionnels de l'enfance. Nous sommes des grands-parents impatients, le moment est venu de les serrer dans nos bras", ont réagi dans un communiqué Lydie et Patrice Maninchedda.
"C'est un bonheur mais un bonheur amer parce qu'on n'a plus notre fille mais c'est un nouveau départ. On souhaite les voir le plus rapidement possible", nous a également confié Lydie Maninchedda.
"J'espère qu'on nous confiera [nos petits-enfants], qu'on pourra les élever et que notre fille soit fière d'eux, où qu'elle soit", poursuit Lydie Maninchedda alors que les autorités françaises ont rapatrié vendredi "plusieurs" enfants de jihadistes, "orphelins et isolés, âgés de 5 ans et moins, qui se trouvaient dans des camps du nord-est de la Syrie".
Ces enfants, les premiers à être rapatriés de Syrie, étaient dans des familles d'accueil ou des camps, tous orphelins au moins de mère même si l'incertitude subsiste sur le sort de certains pères, selon une source diplomatique. Ils sont rentrés à bord d'un avion de l'armée de l'air française.
"Ce sauvetage montre que la France peut faire les bons choix alors que de nombreux autres enfants français sont toujours déteneus dans les camps de prisonniers en Syrie", a réagi Me Pradel.
"Ils sont Français"
Des familles militent en France pour le retour de ces enfants, pointant qu'ils sont victimes d'une situation qu'ils n'ont pas choisie, les autorités françaises tardaient jusqu'à présent à organiser des rapatriements. "Imaginez la souffrance de ces enfants qui sont abandonnés, qui n'ont plus leur maman, avait témoigné il y a quelques jours sur France 3 Mme Maninchedda. Ils sont Français, leur mère est Française, pourquoi on ne les ramène pas rapidement avant qu'il ne soit trop tard ? Les conditions sanitaires sont déplorables, on ne peut pas laisser vivre des enfants sous une tente, sans nourriture, sans soins, sans médicaments. Il y a des épidémies, des enfants qui y sont morts, dans ces camps".
"Maintenant, ils ont un avenir, ils sont sur le territoire français, ils sont en sécurité, ils vont retrouver la santé et j'espère qu'ils vont devenir des citoyens français", a-t-elle estimé maintenant que ses petits-enfant viennent d'être rapatriés. Ils vont d'abord être soignés à l'hôpital puis leurs grands-parents pourront leur rendre visite : "Ils ont vécu dans un environnement insalubre avec trop peu de nourriture, pas de soins médicaux, énumère M. Maninchedda. Le plus petit a une jambe cassée, il ne peut pas marcher, le deuxième a des problèmes intestinaux et l'aîné est très perturbé".
Mercredi soir, le président Emmanuel Macron semblait avoir douché les espoirs des familles, qui demandent depuis plusieurs mois le retour de leurs enfants, pour les juger en France, et de leurs petits-enfants, au titre de la protection de l'enfance. "Pour ce qui est des enfants, c'est une approche au cas par cas qui est menée, en particulier en lien avec la Croix-Rouge internationale. C'est une approche humanitaire qui est suivie et avec beaucoup de vigilance", avait déclaré M. Macron depuis Nairobi.
Inquiétude
Des propos qui ont suscité des réactions indignées au sein du Collectif familles unies, qui regroupe 70 familles françaises dont des proches ont rejoint un territoire tenu par le groupe État Islamique, dont le dernier bastion dans l'Est syrien est en train de céder sous l'assaut de la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Plusieurs centaines d'enfants sont encore détenus avec leurs mamans dans des camps de détention en #Syrie. Ne les oublions pas. Ils doivent être rappatriés dans les meilleurs délais. Par humanité, par honneur et par fierté d'appartenir à un État de Droit.
— Amine Elbahi (@AmineElbahii) 15 mars 2019
En France, pays occidental le plus touché par les attentats perpétrés au nom du groupe Etat islamique (EI), le sujet est sensible. Selon un sondage publié fin février, 89% des Français se disent "inquiets" d'un éventuel retour des jihadistes (adultes, donc), et 67% se disent favorables à laisser la Syrie et l'Irak prendre en charge les enfants.