L'association des "Diggers de la cote 70" chapeaute la création et l'installation d'un monument rendant hommage aux mille tunneliers, mineurs et ingénieurs australiens qui ont édifié un dense réseau de souterrains pendant la Première guerre mondiale. Le monument sera inauguré en juillet à Haisnes.
Aux alentours du 20 juillet 2024, à Haisnes (Pas-de-Calais) sera inauguré un monument commémoratif rendant hommage aux tunneliers australiens de la 3rd australian tunneling compagny et de l'alphabeticals.
Le futur monument
Le monument commémoratif franco australien prendra place sur un écrin de verdure, à l’emplacement même du champ de bataille (c’est-à-dire la ligne de front et les tunnels sous terre). La volonté étant de construire le monument commémoratif derrière une haie naturelle de bouleaux. Un pavage amènera au monument commémoratif en lui-même entouré de haies, d’arbustes et de fleurs afin d’apporter un cadre de paix au monument commémoratif, lui-même constitué de part et d’autre de statues de 4 soldats australiens, tandis que la plaque commémorative écrite par les descendants des deux commandants de la compagnie sera apposée sur un parapet de tranchée, surplombé par les drapeaux australien et britannique.
Les communes de Wingles, Hulluch, Bénifontaine, Haisnes, Douvrin, Billy-Berclau, Auchy-les-Mines, Cuinchy, Annequin, Givenchy-lès-la-Bassée, Mazingarbe et Loos-en-Gohelle ainsi que la Région Hauts-de-France et la Communauté d'Agglomération Béthune Bruay Artois Lys Romane participent au financement du projet. Des partenaires privés comme LDMD ou Mercedes Gorrias s'inscrivent également dans la démarche de devoir de mémoire.
"Le conseil régional est investi pour transmettre et valoriser la mémoire des combattants et c'est le sens du soutien amené au projet de monument australien à la fois à l'attention des visiteurs australiens qui viennent en Europe se recueillir sur la tombe d'une proche mais aussi à l'intention des habitants des Hauts-de-France", explique Mady Dorchies, conseillère régionale déléguée à la mémoire.
Les Diggers de la cote 70
À l'origine de cette démarche l'association "Les Diggers de la cote 70", regroupant une dizaine de passionnés d'histoire français et britanniques qui veulent ainsi rendre hommage aux Australiens engagés en 1915. Les "Diggers" sont les "creuseurs" et désignent des mineurs, des tunneliers, des ingénieurs travaillant dans les mines australiennes et passés par l'Egypte en 1915, où ils ont été formés à la rigueur et la discipline militaire avant de venir au front, dans le Pas-de-Calais. Leur rôle était, à partir de novembre 1916, de construire des tunnels sous le No man's land en direction des tranchées allemandes pour aller poser des mines et faire exploser ces dernières, mais aussi pour accueillir les troupes canadiennes et britanniques.
"Un Wellington inaccessible"
"Ces tunnels existent encore. Quelque 3 000 personnes pouvaient se réfugier dans les différentes chambres ainsi que dans les 20 à 30 km de galeries. C'est un peu comme les carrières néo-zélandaises Wellington, à Arras ; mais ces tunnels ne sont pas accessibles au public. Il faudrait des millions d'euros pour les restaurer et les sécuriser mais l'important c'est de garder leur mémoire", exprime Maxence Druelle-Fourniez, 19 ans, étudiant en deuxième année d'Histoire à l'Université d'Artois et vice-président de l'association.
Bataille de Loos et de la colline 70
Pour rappel, le 25 septembre 1915, la bataille de Loos (Loos-en-Gohelle), soldée par la mort de 50 000 Britanniques et 25 000 Allemands, permet de créer le "Loos Saillent" (ou saillant de Loos) avancée de la ligne de front britannique et recul de 7 km de la ligne allemande. En novembre 1916, les tunneliers australiens arrivent et font leur travail de sape qui prépare le terrain à la reprise de la colline 70 (pour 70 mètres) autour de Lens, ville sous contrôle allemand depuis reprise entre le 15 et le 25 août 1917 par les Canadiens.
Nouveau rendez-vous pour le tourisme de mémoire ?
À terme, l'association espère profiter de la dynamique touristique des Australiens qui viennent pour l'Anzac Day chaque année, dans la Somme et dans le Pas-de-Calais. "Les Australiens qui viennent pour l'Anzac Day (le 25 avril) arrivent à Paris vont à Amiens, à Villers Bretonneux, puis à Bullecourt près d'Arras, et enfin à Fromelles et Ypres (Belgique). Entre l'Arrageois et le Nord et la Belgique, on pourrait imaginer un passage touristique à Haisnes, dans le bassin minier, lieu où se trouvera le monument", envisage Maxence Druelle-Fourniez.
L'association fera vivre le lieu avec une cérémonie annuelle. Elle est déjà en contact avec les familles descendantes des tunneliers australiens. Et de nombreux scolaires des environs devraient pouvoir passer pour un devoir de mémoire. Par exemple, un arbre de la paix sera planté par les élèves du collège Jean Zay de Lens, fin avril prochain, sur le site.