En grève, ils ont battu le pavé hier. Les agents hospitaliers sont à bout de nerfs. Ils réclament plus de moyens. Notamment dans le bassin minier, où tous les indicateurs de santé sont dans le rouge. Aux urgences de l'hopital, les professionnels tirent la sonnette d'alarme. Le service est saturé.
C'est un week-end ordinaire aux urgences de l'hôpital de Lens. Les patients en attente de prise en charge s'accumulent, parfois, parqués durant des heures dans les couloirs, faute de place.
"La médecine de ville aujourd'hui n'est pas capable de gérer l'intégralité des patients qui se présentent à elle, parce qu'il n'y a pas assez de médecins en ville, donc il faut que les urgences soient capables d'absorber le flux de malades". "Sur la seule année 2017, on a fermé 80 lits sur l'hôpital de Lens. Ces 80 lits sont ceux qui nous manquent", explique Jean Létoquart, délégué CGT au CH Lens.
L'établissement, qui a compté jusque 1200 lits, ne dispose plus aujourd'hui que de 800 places... Un constat alarmant dans un bassin minier, où les indicateurs de santé sont les plus mauvais, avec une surmortalité de 38 % par rapport à la moyenne nationale.
Une situation, sur laquelle les personnels hospitaliers ne cessent d'alerter, dénonçant la difficulté d'accès aux soins de proximité. Après la fermeture du service de pneumologie à Lens et la quasi disparition de celui de cardiologie de Béthune, ils réclament pour leur territoire un traitement différencié.
"Nous avons des patients avec une typologie particulière, qui augmente la durée moyenne de séjour, donc peut-être que, sur notre territoire, c'est plus compliqué que sur d'autres territoires en France. Mais vouloir tout uniformiser...et le projet du nouvel hôpital est quand même l'archétype de ce qu'il ne faut pas faire", s'enflamme Patrice Ramillon du syndicat FO CH Lens.
Le nouvel hôpital de Lens doit voir le jour en 2020. Il sera capable d'accueillir 80 000 patients/an aux urgences. Un hôpital connecté, déployant le nec plus ultra de la technologie médicale, répondant mieux, selon l'administration, à la médecine de demain : moins de lits, au profit d'hospitalisations plus courtes.
"Ce qui m'intéresse c'est le nombre de patients qui vont être soignés et pas le nombre de patients qui dorment à l'hôpital, les lits c'est pour y dormir. Nous, on parle de places. On parle d'ambulatoire et on parle de soigner plus de patients avec un hôpital plus performant, avec la médecine que les gens veulent. Personne ne veut dormir à l'hôpital, aujourd'hui", répond Thierry Daubresse, président du Conseil de surveillance du CH Lens.
Un centre hospitalier présenté comme un pôle d'excellence et d'attractivité pour l'installation de futurs médecins.
Mais qui ne réglera pas, à lui seul, le déficit criant de l'offre sanitaire du bassin minier.