La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen lance dimanche ses militants, réunis en terre conquise à Fréjus (Var), dans la bataille des municipales en attaquant de front Emmanuel Macron, avec déjà la présidentielle 2022 en vue.
Le chef de l'Etat "est déjà en campagne présidentielle. (...) On ne va pas le laisser faire campagne tout seul", a glissé samedi à la presse la présidente du RN, jugé comme le parti qui incarne le mieux l'opposition à Emmanuel Macron, selon un sondage Elabe publié mercredi.
Les municipales en mars 2020, puis les départementales et les régionales en 2021, "ce sont des mousquetons qu'on fixe sur la paroi pour grimper jusqu'à l'objectif final", l'Elysée en 2022, selon Marine Le Pen, qui fera un discours dimanche.
En ligne de mire, le Nord et le Pas-de-Calais
Si le parti d'extrême droite est sorti victorieux des élections européennes fin mai, le scrutin municipal s'annonce toutefois moins favorable. La cheffe du RN n'est d'ailleurs "pas sûre d'avoir plus de listes" qu'en 2014 mais assure qu'il
y aura "plus de listes avec des potentiels gagnants".
Il s'agit surtout pour le RN de s'implanter davantage, en irriguant autour de la dizaine de villes déjà conquises, dans ses bastions du Nord Pas-de-Calais et du pourtour méditerranéen.
Le RN mise sur l'ouverture de ses listes à des personnalités extérieures au parti, comme à Paris où il soutiendra un énarque ou à Carpentras (Vaucluse), où la première place revient à un général à la retraite.
Appel aux jeunes
L'ancien compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, qui a rendu publique leur séparation cette semaine, se présente sans logo RN à Perpignan pour favoriser un "rassemblement local".
Marine Le Pen compte aussi sur l'effondrement des Républicains. Elle fustige à cet égard les étiquettes qui "valsent" pour ériger son parti en "véritable socle de solidité, de certitudes".
David Rachline, élu à seulement 26 ans maire de Fréjus (53.000 habitants), la plus grosse ville tenue par le RN, a appelé les jeunes de son parti à se présenter aux municipales "pour tout remettre à plat" dans les communes : renforcer la sécurité et réduire les dépenses, y compris celles dédiées aux associations "qui ne servent à rien (...), sous prétexte de promouvoir, par exemple, le vivre-ensemble".
La cheffe du RN s'est une nouvelle fois démarquée de son encombrante nièce Marion Maréchal, invitée vedette d'une "convention de la droite" organisée par ses proches le 28 septembre. "Je ne suis pas dans une stratégie d'union des droites (soutenue par Marion Maréchal, NDLR) mais d'union nationale", a expliqué Marine Le Pen, qui trouve par ailleurs sa nièce "peut-être un peu jeune" pour représenter le RN en 2022.
Tensions
Tante et nièce ne font pas non plus entendre la même musique dans leur opposition à l'élargissement de la PMA. Marion Maréchal ira manifester le 6 octobre mais pas Marine Le Pen.
Leur point commun reste de préparer l'alternance à Emmanuel Macron, qui n'en a pas fini avec les "éruptions volcaniques" du type "gilets jaunes", selon Marine Le Pen. La finaliste de la présidentielle en 2017 "ne croit pas" non plus que le chef de l'Etat aura "le courage de s'attaquer à l'immigration", qui fera l'objet à l'Assemblée d'un débat où elle n'est "pas sûre de venir".
Marine Le Pen aura en revanche du mal à vanter comme en 2018 la capacité à gouverner de ses alliés en Europe, comme le FPÖ autrichien et la Ligue italienne, qui ne sont plus au pouvoir.
La rentrée du RN a été marquée par des tensions avec la presse. Le parti a retiré samedi, avant de se raviser après des protestations, son accréditation à un journaliste de Libération après la diffusion par le quotidien d'un portrait de David Rachline. Les journalistes de Mediapart et de l'émission Quotidien sont toujours interdits d'entrée aux événements du RN depuis 2012.
Le parti a aussi été rattrapé par l'affaire de ses emplois présumés fictifs au Parlement européen, dans laquelle son ancien président Jean-Marie Le Pen a été mis en examen vendredi pour "détournement de fonds publics".