Procès du meurtre de Yanis, 5 ans : le beau-père condamné à 25 ans de prison, la mère à 4 ans

Le verdict du procès du meurtre de Yanis, 5 ans, tué par son beau-père pour avoir fait "pipi au lit", a été rendu vendredi 20 novembre. Julien Masson, le beau-père de Yanis, a été condamné à une peine de 25 ans de réclusion criminelle et la mère de l'enfant à 4 ans de prison. 

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Pour le "calvaire" infligé à Yanis, mort à cinq ans par une "triste nuit d'hiver"en 2017 lors d'une punition, son beau-père a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle, la mère écopant de quatre ans de prison dont deux avec sursis.

Julien Masson, 34 ans, est resté impassible à l'énoncé du verdict qui l'a reconnu coupable du meurtre de l'enfant ainsi que de violences régulières à son encontre. Sa peine a été assortie de cinq ans de suivi socio-judiciaire avec injonction de soins. 

"Julien Masson ne pouvait pas ignorer que les violences auraient des conséquences mortelles"

Patrick Leleu, avocat général

Julien Masson pourrait faire appel

"C'est une décision que nous respectons évidemment" mais "qui ne correspond pas selon nous aux faits", a réagi un de ses avocats, Me Gabriel Duménil. "Notre client réfléchira à l'opportunité de former un appel", a-t-il ajouté. "Il avait témoigné d'un amour profond pour ce gamin et je pense qu'il y a quelque part une forme d'injustice", a aussi estimé pour sa défense Me Stéphane Daquo.

La mère, Emilie Inglard, 26 ans, reconnue coupable de non empêchement de crime, sera placée pendant trois ans sous un régime de sursis probatoire. Son avocate, Me Fleur Bridoux, l'a dite "soulagée" par le verdict.
Pour la nuit du meurtre, du 5 au 6 février, cette femme décrite comme passive et dépendante de son compagnon "a reconnu sa responsabilité" et "elle accepte la peine". Sans mandat de dépôt, Emilie Inglard qui comparassait libre, ne retournera pas en prison, elle va pouvoir "essayer de se reconstruire" a estimé son avocate.    

 

"Rideau de fumée"

"Je veux m'excuser, (...) Pardon pour tous ceux qui ont connu Yanis", a lancé Julien Masson, en larmes, avant que la Cour se retire. "C'est pas pour la peine" mais j'aimerais "qu'on accepte que j'ai pas voulu le tuer". Jugeant "l'intention d'homicide (...) caractérisée", l'avocat général, Patrick Leleu avait requis 28 ans de réclusion contre lui et cinq ans de prison dont 30 mois avec sursis contre la mère. 

Julien Masson ne "pouvait pas ignorer que les violences" infligées à l'enfant "auraient des conséquences mortelles", avait souligné le magistrat. Il avait rappelé les "coups", la marche nocturne, "cette hypothermie grave" infligé à Yanis, immergé habillé dans le canal proche du cabanon d'Aire-sur-la-Lys où le couple passait le week-end. 

Il avait aussi stigmatisé "l'insuffisance, l'absence" d'explications de l'accusé, qui durant cinq jours d'audience n'aura montré à la cour qu'un "rideau de fumée". Julien Masson avait fini par admettre, jeudi sa "responsabilité" dans une mort restant toutefois pour lui "accidentelle". Yanis aurait fait "plusieurs chutes" et il l'aurait frappé d'un "coup de lampe" de poche. 

Selon l'enquête, il a quitté vers 00H30 le cabanon pour emmener l'enfant courir au bord du canal par une température de cinq degrés, pour le punir d'avoir fait "pipi au lit"

Un enfant "encombrant" 

A l'arrivée des secours, Yanis gisait sur une veste, en hypothermie et trempé, le corps couvert d'une trentaine de contusions, pour certaines anciennes. Selon l'autopsie, il a succombé à un traumatisme crânien consécutif à un impact violent.

Revenant sur la version de la punition, Julien Masson a assuré être seulement sorti "chercher du tabac" avec l'enfant, évoquant un "caprice futile" de sa part. "Ce qu'il nous dit ne correspond pas, (...) n'explique pas la moitié des plaies", a réagi Me Anne Simar, avocate de l'une des sept parties civiles. Toutes ont soulevé les "incohérences" de l'accusé. 

"Vous n'oublierez pas Yanis, l'un de ces enfants fantômes"

Yves Crespin, avocat de l'association l'Enfant Bleu

"Ce pipi au lit n'était qu'un prétexte", dans un contexte de tension au sein du couple, où l'enfant "pouvait être encombrant", a estimé l'avocat de l'association Enfance et partage, Jean-Philippe Broyart.

Quelques heures avant le drame, Yanis, avait dit à l'accusé vouloir retourner vivre chez son père biologique, a-t-il rappelé, soulignant que chaque jour, deux enfants "meurent de maltraitance en France". 

Au moment de délibérer, a conjuré Me Yves Crespin, avocat de l'association l'Enfant Bleu, "vous n'oublierez pas Yanis, l'un de ces enfants fantômes, qui passent sous les radars". Avocate d'Innocence en danger, Me Delphine Reynaud a salué un "verdict totalement juste".
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