A Saint-Omer, un service de vaccination à domicile pour les personnes très dépendantes a été mis en place. Cette initiative est l'une des premières en France.
Christiane Martel, la présidente de l'UNA de Saint-Omer (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles), a imaginé un dispositif pour vacciner ceux qui ne vont plus que "du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit", raconte-t-elle, reprenant le texte de Jacques Brel.
Si le chanteur belge réservait sa formule pour décrire la condition des personnes très âgées, celle de l'Audomaroise s'étend plus largement à toutes les personnes très dépendantes qui ne peuvent plus se déplacer pour aller dans un centre de vaccination ou chez leur médecin traitant. "Dès le début de la campagne de vaccination, j’ai pris conscience qu’il y allait avoir une difficulté pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer", explique-t-elle. Les ainés représentent une part importante des personnes éligibles au dispositif. Christiane Martel fait le parallèle avec les Ehpad, dans lesquels ce sont les médecins qui se déplacaient pour vacciner. "Il y a des personnes âgées à domicile qui sont aussi accablées que celles dans les Ehpad. C'est d'ailleurs cette solitude qui les a éloignées du virus". Malgré tout, le virus peut circuler avec les visites de leurs proches.
Certes, fait-elle remarquer, "le transport par ambulance serait possible" jusqu'à un centre de vaccination mais celui-ci peut-être "traumatisant". Devant ce constat, elle a travaillé avec le directeur de la clinique de Saint-Omer, Thomas Ballenghien, pour trouver un protocole adéquat.
Six seringues chargées de Pfizer dans une valise
Les autorisations ont tardé à arriver. Mais depuis le 9 avril, Amélie Deboudt, l'infirmière coordinatrice du SSIAD de Saint-Omer (Services de soins infirmiers à domicile), porte l'espoir et les vaccins jusqu'aux domiciles de ces personnes. Au 14 avril, elle avait réalisé deux tournées (c'est la seule à les faire), le 9 et le 13 avril. Lors de celles-ci, six vaccinations ont été réalisées à chaque fois. "Le matin, je me rends d'abord au centre de vaccination de la clinique de Saint-Omer pour me faire remettre une petite valise contenant six seringues chargées de vaccin Pfizer (c'est-à-dire le nombre de doses contenues dans un flacon, ndlr). J’ai ensuite six heures pour les injecter", narre Amélie Deboudt.
L'infirmière profite de la présence de l'aide-soignante, venue pour faire la toilette quotidienne du futur vacciné, pour injecter le vaccin. "J’arrive souvent au début de la toilette, qui peut durer jusqu'à trois quarts d’heure. Moi je n'en ai que pour quelques minutes. Cette organisation permet de laisser la personne vaccinée sous la surveillance de l'aide-soignante. Il y a également un médecin référent et que je peux appeler en cas de problème", détaille l'infirmière qui assure ne pas avoir rencontré, pour l'instant, des personnes avec de l'appréhension. "Au contraire, elles sont souvent contentes et soulagées", précise-t-elle. Elle fait ces tournées en plus de son travail quotidien. Pour l'instant, il est donc compliqué de les multiplier, pourtant la demande est là.
Le protocole, imaginé dans le Pas-de-Calais, pourrait être utilisé ailleurs en France. C'est déjà le cas dans les Vosges. A Saint-Omer, le nombre de personnes identifiées pour bénéficier du service serait actuellement de 50.