Des souvenirs d'enfance, avec papa et maman, en camping-car, pour aller voir rouler les cousins, jusqu'à un objectif obsédant de victoire quelques années plus tard... Regard sur les 50 ans de l'Enduropale du Touquet avec le pilote Milko Potisek, 35 ans, trois fois vainqueur de cette épreuve, en 2018, 2020 et 2022.
Milko, on retourne plusieurs années en arrière, quand vous étiez tout gamin... L'Enduro, c'était quoi pour vous ?
J'ai mis longtemps avant de me rendre compte que l'Enduro était un très gros événement. J'y allais avec mon père et ma mère en camping-car pour voir mon cousin rouler, Tim, mais aussi ses frères Matéï et Sergueï. Avoir un cousin qui roule en tête, c'est toujours sympa, contre la légende, Arnaud Demeester. J'étais fan des deux, c'était sympa d'aller voir ces courses.
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Quels sont les autres souvenirs que vous avez de ce pilote hors normes qu'était votre cousin, Timoteï ?
Avec le temps, maintenant, je le vois comme une légende. Avant, c'était juste mon cousin qui me donnait beaucoup de conseils pour la moto. J'ai mis du temps à l'écouter. Il me disait : "Milko, mets-toi sur les courses de sable. L'Enduro, c'est magique, il faut le gagner une fois dans sa vie". Ça m'a pris 28 ans de me rendre compte que Le Touquet était si magique. Parfois, je me dis que j'aurais dû m'y mettre plus tôt à ces courses de sable, mais, je ne regrette pas mon passé de pilote de cross et j'ai fait les bons choix pour moi.
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Il avait un pilotage hors normes, également...
Il a ramené la jeune génération cross avec des sauts très impressionnants, des débuts de courses très engagés. C'était le petit jeune qui se battait contre les plus vieux, dont je peux faire partie maintenant (sourire). Non, mais c'est vrai qu'il a dynamisé les courses de sable.
Pourquoi cette course est magique ?
C'est la plus grosse course de sable au monde. Ce fameux départ, la ligne droite, c'est quelque chose qu'on ne fait qu'une seule fois dans l'année. Après, il y a les milliers de spectateurs le long de la course, l'engouement toute la semaine. Le Touquet, il commence le lundi, jusqu'au dimanche soir, après la 'monster party' (sourire).
Grosse pression pour vous avant d'accrocher la première victoire au Touquet ?
Moi, ça faisait des années que j'attendais cette victoire. J'ai eu la pression et je me suis mis la pression et le décès de Timoteï, cela n'a pas arrangé les choses. J'entendais H24, il faut que tu gagnes pour ton cousin, pour la famille. Cela m'a mis une pression monstre. J'avais fait trois podiums, alors la pression s'est accentuée et ça m'a mis trois ou quatre années supplémentaires pour gagner mon premier Touquet. Le premier a été un vrai soulagement, c'est une certitude.
Je vois évoluer cette course dans le bon sens sur le plan sportif. De plus en plus de gros pilotes du mondial viennent, essaient de gagner cette course. Ça la rend de plus en plus internationale.
Milko Potisek
C'est d'autant plus une obsession quand on est du Nord, non ?
C'est vrai, c'est un peu l'obsession. Dans le Nord, on est un peu chauvins : les nordistes s'encouragent. Maintenant, il y a davantage d'étrangers que de Français ou de nordistes à se battre pour la victoire. Il y a une attente supplémentaire du public. Le nom Potisek n'arrange pas les choses. Donc c'est sûr qu'il y a une sacrée pression à gérer.
Le Lion des Flandres, ça vous plaît comme surnom ?
C'est exact que, depuis 2017, je roule avec le Lion des Flandres sur mon casque. La première fois, c'était plus pour avoir le public dans ma poche. Et désormais, on dit : "il y a le Lion des Flandres qui passe".
Comment vous la voyez évoluer cette course ?
Je la vois évoluer dans le bon sens sur le plan sportif. De plus en plus de gros pilotes du mondial viennent, essaient de gagner cette course. Ça la rend de plus en plus internationale. Après sur le plan technique, on perd d'année en année : il n'y a plus de saut entre Stella-Plage et Le Touquet. Ça facilite un peu la chose, c'est de moins en moins défoncé, mais pour le palmarès, la victoire reste tout aussi importante.
La course porte bien ses 50 ans ?
Le Touquet est de plus en plus haut... Étant un ancien pilote de Mondial, les mecs s'y intéressent de plus en plus. C'est un événement important pour l'industrie du cross et pour les locaux.
Quel regard portez-vous sur les premières éditions ?
C'est loin. Je n'ai jamais roulé dans les dunes. Mais quand je vois les images d'Arnaud Demeester, de Thierry Béthys ou de Jean-Claude Moussé... Ça donne envie, clairement. Je pense aussi que Le Touquet était plus dur par le passé au niveau physique. Ça devait être plus costaud !