Le pilote de Cassel, a subi une année 2024 noire. Blessures, décès de son père, le pilote a été touché dans son âme et dans sa chair. Mais il est revenu. Vite et fort avant d'être à nouveau touché à l'avant-bras. Un dernier coup dur qui l'affecte, encore. Mais Milko sera au Touquet, foi de top pilote acharné. Entretien.
Le 3 janvier 2024 votre papa décédait, le 31 janvier 2024 à quatre jours de l'Enduropale, vous chutiez lourdement vous fracturant le bassin... Quelle année...
Déjà fin 2023, mon père a fait un AVC. Il était depuis de nombreuses semaines en soins intensifs à l'hôpital. J'ai fait une course à Grayan-et-l'Hôpital, le mental n'y était pas. Et puis, il y a eu cette chute le mercredi 31 janvier 2024 à l'entraînement, dans laquelle je me casse le bassin, le pied et le foie touché avec un pneumothorax. Et me voilà en soins intensifs pour regarder Le Touquet. Je suis resté 10 semaines alité complètement. Quatre semaines de fauteuil roulant et d'alitement ont suivi. J'ai pu me mettre debout au bout de trois mois. Après, il a fallu réapprendre à marcher et toute la rééducation a suivi. Puis j'ai voulu profiter de la famille, pendant l'été.
C'était aussi une manière pour moi de guérir, plus vite.
Milko Potisek, se revoyant sur une moto, quelques jours après sa fracture du bassin
Vous avez pensé arrêter ?
J'ai hésité les deux premiers jours. J'y ai pensé, car j'ai 34 ans, tu te dis : 'Est-ce que c'est celle de trop ?' Après, il y a eu Le Touquet à la télé. J'ai pris conscience que j'avais envie d'y être et que je voulais encore en gagner un. J'ai toujours eu l'objectif de quatre victoires, donc ça m'a fait tilter. Et une semaine ou deux après, je me voyais déjà repartir en compétition. C'était aussi une manière pour moi de guérir, plus vite.
Vous en êtes où physiquement et mentalement ?
J'ai repris la moto en août. J'ai fait 10 semaines très intensives pour me remettre à 100%. Et là, juste avant l'ouverture du championnat à Berck, je me suis cassé l'avant-bras. Ça a été un vrai coup dur. Pas la blessure, mais moralement. Quand tu sors d'une si grosse blessure et que tu travailles autant pour revenir à ton meilleur niveau et que si proche du but, tu te refais mal, c'est chaud à encaisser. Après, j'ai en revanche, pu continuer à bosser physiquement pour Le Touquet, mais plus de moto. Je vais la reprendre début décembre. Et après, ça va être focus moto jusqu'au Touquet.
Rétrospectivement, le décès de votre papa a-t-il pu jouer sur votre accident du 31 janvier ?
Oui, même si j'ai envie de me dire que non, mais je pense que tout est lié. [...] J'étais dans un objectif de gagner le Touquet pour mon père. Je pense que tout est mêlé indirectement. Ça a été une chute parmi tant d'autres, mais j'ai pris toute la moto sur moi. Je me suis planté dans un talus et j'ai pris toute la moto sur moi. Je suis protégé mais... Aujourd'hui, je suis très affecté. La blessure de janvier, je l'ai acceptée. Celle à l'avant-bras, après tout le travail qui a eu lieu pour me remettre d'aplomb physiquement et mentalement, ça m'a remis un coup au casque. Les six semaines que j'ai eues... Ça cogite beaucoup. C'est pas des semaines que j'ai appréciées.
Que vous faut-il maintenant pour le Touquet...
Maintenant, pour retrouver le vrai Milko, il va y avoir un travail mental. J'ai pas peur de le dire, j'attaque demain, je bosse avec une sophrologue. Je ne le vois pas comme une faiblesse, mais comme une force, le fait de se faire accompagner. La vie d'un sportif de haut niveau : ce n'est pas que des hauts. Il y a des gros bas aussi, et il faut savoir se faire accompagner. Là, je le sens. Depuis quelques années, à chaque fois, j'essaie en solitaire, mais c'est pas facile. Sans ma femme et mes enfants, j'aurais vraiment pu partir en vrille. C'est Adéline Sagot, (femme de Sébastien Sagot) que je connais bien, qui me remet sur les rails. En étant au plus bas, ça peut me faire que du bien. Et je ne doute pas que je serai à 100% au Touquet. Mais ça ne se gagne pas la semaine d'avant. Et là, je sais que je prends une bonne décision.