C'est un second tour inédit. A la fois dans l'affiche - deux candidats n'appartenant à aucun de partis dits traditionnels - et dans ses liens avec notre région : Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont tous deux des ancrages forts avec les Hauts-de-France. Des ancrages cependant diamétralement opposés.
C'est désormais officiel : le prochain président ou la prochaine présidente de la République sera issu(e) des Hauts-de-France. Emmanuel Macron a obtenu 23,7% des suffrages lors du 1er tour et Marine Le Pen, 21,7%.
Deux candidats liés aux Hauts-de-France. Personnellement pour l'un, politiquement pour l'autre. Notre région a en effet vu naître les deux candidats qualifiés pour le second de cette présidentielle, au sens propre pour Emmanuel Macron, et au sens figuré pour Marine Le Pen.
Chacun d'eux a des liens forts avec les Hauts-de-France. Des liens diamétralement opposés. Emmanuel Macron a un ancrage personnel et privé avec notre région, tandis que Marine Le Pen y a trouvé le terreau favorable à son éclosion politique.
Réalisée par Jennifer Alberst et Mathieu Maillet
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©France 3 Picardie
D'Amiens au Touquet
Pour qui ne le sait pas encore, Emmanuel Macron a vu le jour à Amiens, ex-Picardie, le 21 décembre 1977. Il y a vécu, fait sa toute scolarité d'adolescent, appris le piano et le tennis jusqu'à l'année de son bac qu'il passera à Paris en 1995. Il est marié à Brigitte Trogneux, dernière fille du célèbre chocolatier de la ville.
Depuis son mariage, Emmanuel Macron a établi son fief au Touquet où son épouse possède une maison. Le couple séjournait encore très fréquemment dans la station balnéaire de la Côte d'Opale jusqu'à la candidature de l'ancien ministre de l'économie à la présidentielle. C’est d’ailleurs au Touquet qu’il vote. Et ? Et c'est tout...
10 ans pour grandir
Dans un certain sens, Marine Le Pen a elle aussi sa famille dans les Hauts-de-France, celle qui l'a soutenue pour enfin accéder aux arcanes du pouvoir : n'est-ce-pas à la demande et avec l'aide de Bruno Bilde et Steeve Briois, figures de proue locales du FN, qu'elle se présente aux législatives de 2007 dans la 14ème circonscription du Pas-de-Calais, celle d'Hénin-Beaumont ? Elle passera à 10 points du mandat.
C'est à partir ces terres ouvrières du Pas-de-Calais qu'elle parvient à se hisser jusqu'au 2nd tour de cette présidentielle. C'est bien chez nous que la présidente du Front National est née d'un point de vue politique. Et il lui aura fallu 10 ans pour cela.
Marine Le Pen s'installe à Hénin-Beaumont, mais pas trop, après être devenue conseillère municipale de la commune en 2008. Elle sera réélue au conseil l'année suivante lors d'une élection municipale partielle. En 2009, elle devient eurodéputée de la circonscription Nord-Ouest. Elle démissionnera de son fauteuil de conseillère municipale en 2011, poussée par le non-cumul des mandats.
Hénin-Beaumont, une couveuse
Mais Marine Le Pen n'abandonne pas ce qu'elle estime désormais être devenu son terreau politique : aux municipales de 2014, qui voient Steeve Briois emporter la ville, elle figure sur la liste du FN mais en position non-éligible. Car c'est bien à Hénin-Beaumont et dans les Hauts-de-France qu'elle a trouvé le terrain le plus favorable à l'enracinement et au développement des idées du Front National. Au point de faire de notre région un incubateur de son programme pour les présidentielles.
C'est d'ailleurs avec un programme plus national que régional que le FN arrive 2ème des élections régionales en 2015, remisant les socialistes, force politique historique dans la région, loin derrière à la 3ème place. Région test, les Hauts-de-France offrent donc à Marine Le Pen un nouveau mandat, celui de conseillère régionale.
Que soit Marine Le Pen ou Emmanuel Macron qui l'emporte au second tour, une chose est sûre : les Hauts-de-France pourront se vanter d'avoir fait un chef d'Etat...