L'accessibilité des personnes handicapées dans les gares est-elle suffisamment prise en compte ? Ce jeudi 16 avril, un homme en fauteuil roulant est mort après avoir été percuté par un train en gare de La Fère (02), alors qu'il traversait la voie à même les rails, en l'absence d'un passage adapté.
La mort d'un jeune homme de 32 ans en fauteuil roulant ce jeudi 16 avril relance la question de l'accessibilité des lieux publics aux personnes handicapées. Malgré l'aide de sa femme et d'un ami, son fauteuil est resté bloqué sur les rails en gare de La Fère dans l'Aisne alors que le couple tentait de rejoindre le quai d'en face pour prendre le train."Il le faisait régulièrement pour prendre le train", témoigne une amie "et c'est vrai qu'à La Fère, il n'y a rien d'adapté pour les personnes handicapées". "Je suis moi-même handicapée et je sais que, quand je dois y aller, je prends une béquille pour pouvoir monter les escaliers pour accéder à la passerelle", ajoute-t-elle.

Un reportage de Cathy Colin, Stanislas Madej, Camille Di Crescenzo, Arnaud Wust et Cédric Delangle. Avec François Meyer, directeur territorial Nord-Pas-de-Calais-Picardie - SNCF Réseau; Stéphane Pollak, directeur Association des Paralysés de France de l'Aisne et Daniel Beurdeley, vice-président du Conseil régional chargé des Transports.
Une prise en charge en taxi
Dans cette gare : "il n'y a pas d'accès pour les personnes à mobilité réduite", confirmait la SNCF peu après l'accident. Seule une passerelle permet d'aller prendre le train en direction de Tergnier. La SNCF assure qu'une prise en charge par taxi jusqu'à la gare de Tergnier est assurée gratuitement pour les personnes handicapées. Mais pour en bénéficier il faut appeler le service ALLO PICARDIE MOBILITÉ au 0 800 099 565 (appel gratuit depuis un poste fixe).
Pour Stéphane Pollak, directeur de l'Association des paralysés de France de l'Aisne, cette solution, qui répond à la loi sur l'accessibilité (voir ci-dessous), crée une inégalité avec les autres voyageurs : "il faut réserver à l'avance, se lever tôt (...), on a moins de liberté qu'une personne valide qui prend le train à l'heure qu'elle veut et à l'endroit où elle veut".
La loi de 2005 sur l'accessibilité
Elle prévoit que tous les lieux publics soient accessibles aux personnes à mobilité réduite. Comme les mairies, les écoles, les gares doivent donc aussi être adaptées ou proposer un système de substitution situé à moins de 50 kilomètres. La loi laissait un délai de dix ans aux administrations pour faire les travaux. Ce délai a été prolongé par le gouvernement l'année dernière, laissant neuf ans supplémentaires à la SNCF.
La région, une bonne élève ?
En Picardie, 47 gares sur 73 seront rendues totalement accessibles à l'horizon 2024, soit 20 de plus que ce qu'impose la loi. La région, au lieu de se contenter de proposer un système de substitution à moins de 50 kilomètres, a réduit le périmètre à 15 kilomètres.
Carte de l'accessibilité des gares pour le handicap moteur en 2020